Agriculteurs à temps partiel, souvent des retraités qui n’ont pas besoin que leurs activités soient rentables immédiatement, les gentlemen-farmers influencent à leur manière l’agriculture du Québec. Si l’expression renvoie à ces gens qui pratiquent l’agriculture pour le plaisir, on remarque que bon nombre d’entre eux ont l’amusement fort sérieux. C’est ce que nous apprend l’émission du 2 janvier de la Semaine verte qui s’est intéressée au phénomène.
L’émission nous fait rencontrer quelques producteurs agricoles ayant fait le choix du retour à la campagne. À Saint-Césaire, Normand Guimond et Nathalie Gourd ont décidé de quitter la ville et d’acquérir une fermette. « Vivre à la campagne, élever nos animaux, manger bien, puis faire un petit cheptel de chèvre Boers », voilà ce qui explique ce changement de cap pour Mme Gourd. « C’est intéressant d’avoir une production à nous autres, de savoir ce qu’on mange » rajoute son compagnon Normand Guimond. La fermette est financée en partie par le salaire de M. Guimond qui travaille toujours dans la construction. D’ici trois ans, le couple estime pouvoir être en mesure de rentabiliser l’exploitation.
Solidarité rurale s’intéresse à ce phénomène du retour à la campagne. Claire Bolduc, présidente de l’organisation, explique que cette tendance n’est pas le seul apanage du Québec, on l’observe également partout dans le monde. « La ruralité redevient attirante » dit-elle. Le nombre de ferme est en déclin depuis des décennies au Québec, mais la population rurale, elle, a augmenté de 5% entre 2001 et 2006. Ces nouveaux ruraux « sont des gens qui développent et qui diversifient les activités agricoles, ce sont soit des retraités, soit des jeunes familles, soit des professionnels qui veulent changer de mode de vie » renchérit-elle. Ces nouveaux arrivants apportent avec eux une nouvelle façon de voir l’agriculture : « il vont aller vers des élevages non traditionnels, dans l’horticulture, les productions artisanales, ils vont s’inscrire aussi dans tous les mouvements associés par exemple à slow food, dans les mouvements associés aux produits du terroir, et ils vont faire différemment. Ils ne recherchent pas nécessairement une grosse organisation, une grosse entreprise, ils vont rechercher un entreprise dans laquelle ils s’accomplissent ».
Une grande partie des produits alimentaires spécialisés que l’on retrouve au Québec provient de producteurs amateurs, l’agriculture « traditionnelle » se concentrant dans la culture du maïs, l’élevage de porc et la production laitière. Une des recommandations du rapport Pronovost déposé en 2008, rapport issu de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois, fut d’ailleurs qu’on fasse plus de place aux petites exploitations agricoles, question de diversifier les activités et de favoriser la ferme à dimension humaine. Ce phénomène des gentlemen-farmers, s’il venait à prendre encore plus d’ampleur, pourrait aider à réaliser les vœux de la commission.
L’arrivée des nouveaux ruraux ne se fait pas toujours sans heurt : elle peut par exemple créer de la pression sur la valeur des propriétés. Cependant, son effet semble globalement positif : dans beaucoup de milieux qui peinent à garder leur population, l’arrivée de nouveaux habitants pourrait aider à créer la masse critique justifiant le maintient des services en région.
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