Marcel Boyer, économiste principal à l’Institut économique de Montréal (IEDM), haut lieu de l’ultralibéralisme au Québec, et membre du Conseil d’administration de l’Agence des partenariats public-privé du Québec, a publié l’an dernier une recherche qui faisait la promotion de la social-démocratie…concurrentielle. De prime abord, la profession de foi de Marcel Boyer envers les principes de la social-démocratie m’apparaît aussi crédible que celle d’un pédophile faisant l’éloge des centres de la petite enfance.
Cette volonté de pervertir les principes de la social-démocratie m’apparaît non seulement odieuse, elle constitue la plus lamentable des stratégies des courants réactionnaires qui, depuis plusieurs décennies, s’acharnent à vouloir démolir le modèle québécois de développement. Au milieu des années 1980, ils ont échoué dans leurs tentatives lorsque les propositions du « Comité des sages » ont été mises sur les tablettes par Robert Bourassa. Plus récemment, ils ont dû quitter le bateau du gouvernement Charest pour cause de programme politique rejeté par la population (gouvernement minoritaire). N’étant pas écouté par la majorité de la population lorsqu’ils utilisent leur discours ultralibéral, certains d’entre eux, les plus présentables en public, ont décidé d’utiliser la NOVLANGUE. Comme le disait Georges Orwell, la novlangue vise à restreindre l’étendue de la pensée; elle doit favoriser la parole officielle et empêcher l’expression de pensées hétérodoxes ou critiques.
Je vais donc essayer de retraduire en français moderne les idées derrière « les douze chantiers économiques que le Québec doit entreprendre pour assurer son développement économique. » Affublé du titre particulièrement ridicule de « La performance et le développement économiques du Québec : Les douze travaux d’Hercule », ce rapport ne vise rien d’autre qu’à instaurer au Québec une contre-Révolution tranquille de manière à se débarrasser une fois pour toute du modèle de développement que les Québécois se sont donnés, mais qui constituent pour tous les fanatiques du marché une épine dans le pied qui les empêche de marcher correctement. Voici une traduction rapide de quelques-uns de ces chantiers :
(1) Valoriser davantage nos écoles, collèges et universités par une responsabilisation accrue de l’ensemble des intervenants : augmenter les frais de scolarité au niveau du reste du Canada de manière à ramener l’accès des études supérieures aux élites économiques et intellectuelles.
(2) Instaurer le vote secret obligatoire en matière d’accréditation syndicale : guerre ouverte contre la liberté d’association des travailleurs pour se rapprocher du modèle étatsunien, où le taux de syndicalisation est passé sous la barre des 10 %.
(3) Valoriser les ressources environnementales (eau) par la création de marchés pour en assurer une protection optimale et raisonnée : faire de l’une des ressources les plus essentielles à la vie humaine, l’eau, une marchandise comme les autres, pour qu’une minorité en tire le maximum de profits.
(4) Favoriser le recours systématique aux mécanismes concurrentiels dans la production et la distribution des biens et services publics et sociaux : détruire les fondements même du principe d’intérêt général de manière à revenir cent cinquante ans en arrière lorsque l’intérêt du plus fort (ou du plus riche) dominait celui du plus faible.
(5) Accroître la participation du secteur privé au sein du régime public de soins de santé : progresser davantage dans la création d’un système de santé à deux vitesses où l’entreprise privée pourra enfin participer pleinement à la valorisation de cette industrie du futur.
(6) Réformer la taxation pour la rendre incitative, cohésive, inclusive et simple : continuer à diminuer les impôts des riches et à rendre le régime fiscal encore plus inéquitable.
Même les composantes les plus à droite de la social-démocratie rejetteraient en bloc ces propositions grotesques de l’IEDM. Au cœur du projet social-démocrate on trouve l’idée que la justice sociale passe par une meilleure redistribution des revenus et par une démocratisation de la vie économique, ce qui ne peut survenir que par le renforcement de contre-pouvoirs issus de la société civile, dont le mouvement syndical a été, et reste toujours, l’emblème historique. Aujourd’hui encore plus qu’hier, alors que les expériences européennes récentes de gouvernements socio-démocrates qui s’étaient en partie éloignés de ces objectifs ont massivement conduit ces partis dans l’opposition, la réponse n’est pas à adopter l’attitude défensive. Le futur de la social-démocratie passe par une nouvelle stratégie offensive permettant d’offrir une véritable alternative à l’ultralibéralisme, à l’opposé de ce fanatisme du marché que nous présente l’IEDM.
[...] sujet, il fallait craindre le pire en termes de rapetissement de la pensée. Comme je l’affirme dans un blogue précédent, en parlant du président de cet organisme, les propagandistes de cet institut utilisent la [...]
Franchement. Vos commentaires sur les « 12 travaux d’hercules » sont totalement déplacés et de mauvaise fois.
J’ai l’impression que vous ne comprenez pas la base des principes d’incitations économique
Votre commentaire sur les frais de scolarité est totalement vide d’argument. Bien que les études supérieures soient présentement accessible aux plus démunies (mais encore, les dépenses complémentaires sont terribles), ce sont les plus riches qui en profitent quand même. Augmenter les frais de scolarité ne ferait que taxer encore plus les « riches », majoritaire dans ces établissements. Frais que le peuple en entier, classe pauvre comprise, paie.
Il existe déjà un système de bourse pour les plus pauvres. Augmenter les frais, ils seront remboursés par ce système. De plus, ce ne sera plus la population en général qui payera pour ces « riches ». Mais encore, les frais de scolarités dans le RoC ne sont pas si terrible.