Après avoir prorogé la Chambre des Communes, le gouvernement conservateur présente un non-budget, puisque 90 % des dépenses prévues pour la nouvelle année budgétaire ont été annoncées dans les budgets précédents. Toutes les décisions importantes sont remises à plus tard. Nous savons bien pourquoi : les conservateurs veulent couper drastiquement dans les dépenses publiques, ce qui annonce des lendemains difficiles pour la majorité de la population, mais s’ils l’annonçaient clairement, ils risqueraient de perdre tout espoir d’une majorité aux Communes à l’approche des prochaines élections.

Dans le contexte actuel, le budget conservateur relève de l’irresponsabilité totale. Alors que nous devrions, comme plusieurs autres pays, mobiliser nos ressources pour faciliter le passage à une nouvelle économie à faible intensité en carbone, le ministère de l’environnement fait partie des trois ministères qui sont soumis à des révisions stratégiques, c’est-à-dire à des coupures importantes.

« Il n’y a que quelques miettes dédiées à l’environnement et à l’économie verte dans ce budget alors que d’autres pays comme la Chine, les Etats-Unis ou la Corée du Sud ont décidé d’investir massivement dans ce secteur. Le Canada en souffrira à long terme car le manque d’investissements notamment dans le développement des énergies renouvelables attirera les investissements vers d’autres pays qui auront su profiter de l’occasion », a déclaré Steven Guilbeault coordonnateur général adjoint d’Équiterre.

Selon une étude publiée par le Canadian Energy Research Institute, révélée par le Bloc Québécois, chaque dollar investi dans le développement des sables bitumineux se traduit par des retombées économiques de 2,54 dollars dans l’économie canadienne et internationale, comme par exemple en équipements manufacturés aux États-Unis. Or, de ce montant, le Québec ne reçoit que 3 sous !

L’industrie automobile concentrée en Ontario a reçu 9,7 milliards de dollars en aide financière, un autre milliard de dollars est allé au développement de la filière nucléaire, et l’Alberta a empoché des centaines de millions de $ pour aider (!!!) la riche industrie pétrolière – pour des projets de capture et séquestration du carbone dont plusieurs spécialistes questionnent la validité scientifique et l’efficacité pratique dans la lutte aux changements climatiques. Mais seulement 170 millions de dollars sont mobilisés pour l’industrie forestière, vitale pour les régions du Québec.

Rien pour l’environnement, rien pour le logement et encore moins que rien pour la culture ! Le budget confirme le maintien du régime fiscal très généreux envers les banques et l’industrie pétrolière, mais il refuse obstinément, malgré le déni de justice évident, de verser au gouvernement du Québec une compensation pour l’harmonisation de la taxe de vente.

« Encore une fois, le gouvernement Harper veut faire payer le déficit à la classe moyenne et aux travailleurs, en épargnant les banques, les pétrolières et les privilégiés. Le gouvernement ne se gênera pas pour piller 19 milliards de dollars dans la caisse d’assurance-emploi de 2011 à 2015. Le gouvernement conservateur semble aussi avoir les aînés dans le collimateur en annonçant un examen du système de revenu de retraite du Canada dès ce printemps. C’est d’autant plus déplorable que les dépenses militaires continuent d’augmenter et qu’aucune mesure n’est prévue pour mettre fin aux privilèges fiscaux des pétrolières, pour mettre un terme à l’utilisation des paradis fiscaux ou pour mettre à contribution les privilégiés ayant un revenu imposable supérieur à 150 000 dollars par année ou des primes démesurées », a déclaré le porte-parole du Bloc Québécois en matière de finances et député d’Hochelaga, Daniel Paillé.