Une coalition d’organismes voudrait transformer une portion du Massif du Sud, le cinquième plus important ensemble montagneux du Québec, en aire protégée. La région de Chaudière-Appalaches augmenterait ainsi de 100km2 la superficie de son territoire consacrée à des aires protégées. Les maigres 1,89% que la région dédie à cette fin pourraient ainsi se rapprocher un peu plus de la moyenne québécoise se situant à 8%. Cette proposition remet également en question la mise en place d’un parc éolien prévu dans le secteur.
Même si le territoire du Massif du Sud est considéré comme un « parc régional », une très petite portion de cet espace est protégée légalement pour fin de conservation. Nature Québec, le RésEAU des montagnes, le Groupe des ornithologues de Beauce-Etchemin et le Club des ornithologues de Québec, organismes formant ladite coalition, voudraient voir s’accoler à cette petite réserve existante une aire protégée constituée de deux grands secteurs. Il y aurait, peut on lire dans le communiqué de presse émis à cette occasion, la création « d’une réserve de biodiversité qui s’étendrait minimalement sur les sommets à partir de 700 mètres en excluant la station de ski. Sur cette réserve, dite de catégorie III, les activités industrielles [seraient] interdites mais pas les activités touristiques, notamment la chasse et la pêche. Le reste du territoire public du Massif serait composé d’une aire protégée de catégorie VI qui permet certaines activités comme la foresterie, conformément à des pratiques de durabilité ».
Ainsi, selon la coalition, le projet de création de cette aire protégée serait compatible avec un développement éolien de type communautaire, notamment dans la zone de type VI, mais pas avec la réalisation du projet du consortium qui prévoit s’implanter dans un secteur à haute valeur écologique. Le consortium Saint-Laurent Énergie est composé de EDF Énergies-Nouvelles, Hydroméga Services et RES Canada et pilote pour Hydro-Québec l’implantation d’un parc de 75 éoliennes d’une puissance de 150 mégawatts. Sa mise en service est prévue pour décembre 2012.
Alain Chabot, président du RésEAU des montagnes, faisait remarquer que le développement éolien prévu par Saint-Laurent Énergie nécessiterait la construction de 40 kilomètres de chemins forestiers dans un espace relativement restreint. Cette route pourrait avoir une incidence sur l’équilibre des milieux. Un certain nombre d’enjeux relatifs à la conservation des écosystèmes du Massif du Sud sont d’ailleurs dégagés par la coalition. La préservation de l’habitat de la Grive de Bicknell, un oiseau migrateur qui passe une partie de l’année dans le secteur, est un de ceux-là. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) recommandait en décembre dernier de renforcer la protection de cette espèce en lui attribuant le statut d’espèce menacée. On estime que le site du Massif du Sud hébergerait 20 % de la population québécoise de l’espèce. La sapinière à oxalide, écosystème assez rare au sud du Saint-Laurent, abrite, en plus de la grive de Bicknell, plusieurs espèces d’oiseaux à distributions limitées, notamment le Tétras du Canada, le Durbec des sapins, le Bruant fauve, le Moucherolle à ventre jaune et deux espèces de campagnols rares. Selon la coalition, la présence d’une dizaine de rivières prenant leurs sources aux sommets du Massif du Sud est également à prendre en considération dans la mise en place d’une aire protégée. Le maintient de la bonne qualité de l’eau pourrait aider, par exemple, au retour du saumon atlantique dans la rivière Etchemin, une des dix rivières en question.
Selon la députée de Bellechasse Dominique Vien, l’implantation du parc éolien de Saint-Laurent Énergie semblent rallier beaucoup de municipalités touchées par le projet. Notons que le projet de Saint-Laurent Énergie garantirait des redevances à ces municipalités. M. Simard, directeur général de Nature Québec, affirmait de son côté que les retombées récréotouristiques associées à la création d’une aire protégée serait plus importantes que celles engendrées par le parc éolien projeté.
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