Dans le problème se trouve parfois la solution… Mettre à profit ce dont on voulait au départ se débarrasser, voilà ce qu’ont fait les responsables de la gestion des eaux usées de la ville de Saint-Hyacinthe suite à la mise en place d’une nouvelle initiative sur leur territoire.
La municipalité recevait en novembre dernier le Prix en infrastructures municipales remis par le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, en collaboration avec le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines pour l’implantation d’un digesteur anaérobie et d’un assécheur thermique à la station de traitement de ses eaux usées.
Ces « digesteurs » de conception allemande ont été construits en 2009 et entraient officiellement en fonction le 18 janvier dernier. Ces digesteurs renferment des bactéries capables de digérer en anaérobie les boues produites par l’usine d’épuration des eaux de la ville et de les transformer partiellement en méthane. Ce processus diminuera le volume des boues produites par la station d’épuration d’environ 50%.
Comme on peut le voir dans un reportage de la semaine verte faisant état de cette intéressante initiative, un séchoir à boue est relié aux digesteurs. En plus de contribuer à la réduction du volume de boue, le séchoir chauffe les digesteurs par l’entremise d’un réseau de conduits métalliques accroché à même les parois des ces derniers. Le méthane produit par les digesteurs alimente en énergie le séchoir. Le système est fermé et ne coûte pas un sou en énergie. En chauffant le bâtiment au lieu de la boue comme dans les procédés normalement utilisés, sept fois moins d’énergie est nécessaire. Les granules sèches qui sortent de l’usine peuvent même être utilisées comme fertilisant.
« Des digesteurs en anaérobie existent déjà ailleurs au Québec, mais nous sommes les premiers au Québec à pouvoir assécher la totalité de nos boues, ce qui était notre priorité », explique Pierre Mathieu, surintendant de l’usine. Des économies de 1,3 million de dollars par année pourront ainsi être faites par la réduction des frais de transport des boues, qui étaient transportées jusqu’alors à St-Rosaire, à 200 km de St-hyacinthe. Le projet a couté 8,5 millions de dollars et devrait s’autofinancer en six ans.
La réalisation du projet n’a fait appel à aucune firme externe, tout a été orchestré par les employés municipaux eux-mêmes. « C’est véritablement la hausse du coût d’enfouissement qui nous a permis d’en arriver là. Lorsque j’ai été engagé au printemps 2008, on m’avait clairement fait sentir que je devais trouver une façon de réduire les coûts de l’usine. Nous sommes arrivés à cette solution quelques mois plus tard » expliquait Pierre Mathieu dans un article du Courrier de Saint-Hyacinthe.
Ce projet à suscité beaucoup d’intérêt dans le monde municipal. « Si tous ceux qui sont venus ici construisent des digesteurs, il va y en avoir tout le long de l’autoroute 20 » dit le surintendant de la station de traitement de la ville.
La ville de St-Hyacinthe regarde même la possibilité de recevoir des gras des agroalimentaires pour produire plus de biogaz. Elle pourrait ainsi multiplier les volumes de biogaz et faire rouler les véhicules de la ville à même les activités des digesteurs.
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