Les médecins spécialistes du Québec sont les commanditaires d’une série de capsules publicitaires – L’expertise a un prix – qui proposent de nouvelles sources de revenues gouvernementaux. Pourquoi ? Pour payer les salaires absolument exagérés de ces derniers. Certains sont choqués par ces pratiques corporatistes, qui n’ont même pas le courage de s’afficher clairement à la population. Par ailleurs, je soupçonne l’Institut économique de Montréal de ne pas être très loin derrière cette initiative.
Mais Jean-François Lisée n’est pas de cet avis. Il trouve plutôt excellent ce découplage entre de nombreuses bonnes idées qui permettraient de redresser les finances publiques et les « demandes exagérées d’augmentation salariale » des médecins spécialistes. Je partage – encore une fois diront certains – cette opinion de Jean-François Lisée : l’idée de la taxe sur la malbouffe permettrait à la fois de nouveaux revenus pour l’État québécois tout en rendant moins abordable certaines habitudes alimentaires tout particulièrement nocives pour la santé, en particulier chez les jeunes.
Une nouvelle étude publiée par la revue scientifique Psychological Science conclue d’ailleurs qu’une taxe sur la malbouffe a des effets beaucoup plus directs sur la santé des jeunes, en réduisant de manière significative la consommation de produits de l’industrie du fast-food, que peuvent avoir l’offre de produits santé subventionnés. L’étude, réalisée par l’Université de Buffalo, comparaît les pratiques d’achats de nourriture dans deux situations distinctes : dans un cas une augmentation de 12,5 % de produits nocifs pour la santé; de l’autre des rabais de 25 % de produits santé.
Dans le premier cas, les mères qui font l’épicerie transfèrent directement leurs achats vers des produits moins dispendieux qui ont une valeur nutritionnelle plus grande. Dans le deuxième, elles transfèrent une partie des rabais découlant d’achats de produits santé vers des produits à plus faible valeur nutritionnelle, réduisant à zéro l’effet recherché. A contrario, une taxe qui augmente le prix des produits de la malbouffe de 10 % permet de réduire de 6,5 % les achats totaux de calories.
L’étude fait par ailleurs remarquer que les prix des fruits et légumes frais, du poisson et des produits laitiers ont augmenté respectivement de 190 %, 100 % et 82 % depuis 1983, alors que ceux des huiles et gras, du sucre et des boissons gazeuses ont pour leur part augmenté respectivement de 70 %, 66 % et 32 %.
La taxe sur la malbouffe permettrait donc de compenser les externalités négatives de ces produits, non exprimées dans leurs prix de marché, rendant ainsi relativement plus abordable les alternatives plus saines. Les revenus de la taxe devraient en priorité être utilisés pour soutenir des organismes faisant la promotion de comportements de prévention – habitudes alimentaires saines, activité physique accrue, etc.
Dans le bulletin de l’Organisation mondiale de la santé (vol.88, no.8, août 2010), une recherche par Anne Marie Thow et al. intitulée « The effect of fiscal policy on diet, obesity and chronic disease: a systematic review » précise : « This review indicates that food taxes and subsidies can influence consumption in high-income countries and that imposing substantial taxes on fattening foods may improve health outcomes such as body weight and chronic disease risk. The findings support current recommendations that taxes and subsidies should be included as part of a comprehensive strategy to prevent obesity ». Elle précise nénamoins : One argument against fat taxes is their potential regressivity: they impose a larger burden on the poor than the rich.47 Farra et al.40 found that a soft drink tax would impose a disproportionate burden on low-income families who did not reduce consumption, and Nnoaham et al.20 found that taxes on unhealthy food had a regressive effect that was not counterbalanced by greater health gains, although they may have underestimated gains in poor people. In addition, Leicester & Windmeijer48 estimated that the rich would spend less than 0.1% of their income on a fat tax in the United Kingdom compared to 0.7% for the poor. However, Smed et al.24 found that food taxes were only slightly regressive and that lower-income households reduced their consumption proportionately more than wealthier households, as has been observed with tobacco taxes.49 Combining food taxes with subsidies could help alleviate potential regressivity by enabling consumers to switch to more healthy products without incurring additional costs ».
Personnellement, je crois que cette taxation de la malbouffe doit absolument être accompagnée d’une réduction des prix des aliments sains (par l’entremise de subventions).
Eric Folot