À quelques jours du budget du Québec, où nous devrions enfin connaître la stratégie du gouvernement Charest de la lutte contre le déficit, il faut revenir sur celle qui a été dévoilée la semaine dernière par les conservateurs à Ottawa. On peut résumer cette dernière comme étant celle du menteur et de l’aveugle puisqu’elle repose, d’une part, sur un mensonge indécent, qui frise la malhonnêteté, concernant la croissance future de l’économie canadienne et, d’autre part, sur la décision de déléguer aux fonctionnaires de chacun des ministères les coupures aveugles découlant du gel de tous les budgets de l’État – à l’exception de celui de la Défense…
Nous le disions la semaine dernière, afin de remettre à plus tard – disons après des élections où ils espèrent pouvoir devenir majoritaires à la Chambre des Communes – les vrais choix budgétaires de lutte contre le déficit, les conservateurs ont présenté le budget le plus vide de sens qui fut présenté devant ce parlement. Pour meubler le discours fleuve présenté la veille par la représentante de la Reine, on a dû ajouter un nombre incalculable d’insignifiances.
Pour combler les cinquante et quelques milliards de dollars du déficit public, le ministre des Finances a choisi de retrancher de ses dépenses 17,6 milliards de dollars en cinq ans, la moitié provenant du gel des budgets des ministères (6,8 milliards) et de la révision stratégique des programmes (1,3 milliard). Les trois partis d’opposition ont unanimement dénoncé cette stratégie de déresponsabilisation qui revient à déléguer aux fonctionnaires la tâche ingrate de choisir quelles dépenses devront être coupées.
Comme le souligne Hélène Buzzetti, du journal Le Devoir, trois ministères particuliers ont été ciblés pour se soumettre à un régime minceur dans le cadre d’une révision stratégique de leur fonctionnement. Parmi eux, on trouve le ministère de l’environnement, ce qui rend la chose encore plus odieux. Le ministre Prentice aurait trouvé 53,1 millions de dollars à couper dans ses dépenses internes au cours des trois prochaines années. Les deux autres ministères touchés sont ceux des Ressources naturelles (102,9 millions) et de la Sécurité publique (35,8 millions). Huit agences et commissions fédérales sont directement affectées par ces compressions, couvrant ainsi 686,1 millions des 1,3 milliard de coupures en trois ans.
Par ailleurs, ce sont les plus démunis de la Terre qui vont être le plus directement frappés par la lutte au déficit puisque c’est l’aide internationale qui sera la plus affectée par les coupures dans les dépenses, avec à elles seules le quart des coupures totales. En comparaison, le ministère de la Défense est le seul à ne pas connaître de gel des dépenses : on lui impose une croissance budgétaire moins forte que prévue…
La pièce de résistance de la stratégie n’est rien d’autre qu’un mensonge indécent, qui permet, sur papier, de boucler le déficit. Le budget Flaherty mise en grande partie sur la reprise économique pour assainir ses finances, ce qui est contesté par tous les spécialistes, qui trouvent les prévisions du ministre trop optimistes. Si ce gouvernement obtient l’an prochain le mandat pour mettre en œuvre la partie la plus difficile de cette stratégie, c’est-à-dire celle des coupures réelles, il sera amené à couper toujours plus davantage parce que l’amélioration de la colonne des revenus, découlant de la croissance économique, ne sera pas au rendez-vous.
Vous avez évidemment raison, mais vous êtes encore en dessous de la réalité.
Nous sommes désormais engagés dans la plus grosse partie de poker menteurde notre histoire.
Je vous suggère la lecture du texte suivant: http://www.vigile.net/Tel-est-pris-qui-croyait-prendre