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Le samedi 23 avril 2022

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Des services publics abordables, une force économique à conserver

Alors que la crise économique semble s’estomper, que les argents en souffrance se remettent peu à peu de leur douloureuse chute, voilà que le spectre de l’hécatombe économique revient nous hanter : la dette a grossi. Nous, qui vivons au-dessus de nos moyens nous faisons-nous répéter, devrions revoir l’accessibilité à nos services sociaux trop couteux. C’est du moins ce que voudraient nous faire comprendre les différents documents produits par le Comité consultatif sur l’économie et les finances publiques. Ce comité proposait notamment en février dernier, dans le dépôt d’un troisième rapport, de faire passer la journée en CPE de 7$ à 10$.

Cela était à comprendre dans la lignée d’une proposition de réduction des dépenses gouvernementales par des augmentations de taxes à la consommation et de tarifs de sorte à combler les déficits prévus. Était-ce la seule façon de faire ? Beaucoup affirmeront que non. Pour un groupe composé d’une cinquantaine d’intellectuels par exemple, le collectif Économie autrement, le débat actuel sur l’état des finances publiques québécoises se base sur «une vision étroite et biaisée» de l’économie.

L’association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) nous présentait la semaine dernière, dans un intéressant feuillet informatif la contribution majeure des CPE à la prospérité économique et sociale du Québec et les effets d’une possible augmentation de ses tarifs. On apprend par exemple dans ce document, que de 1997 à 2009, « le niveau d’activité économique des femmes de 25-44 ans ayant des enfants de moins de 6 ans a augmenté de 11 points de pourcentage, une hausse deux fois et demie plus élevée qu’au Canada ». Durant la même période, le taux de faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête est passé de 60,3 % à 20,4 % au Québec, soit une diminution de 40%. Cette diminution ne se situait qu’à 27% pour le reste du Canada. Ces chiffres semblent assez éloquents, même si on ne peut attribuer ces résultats aux CPE seuls. Les programmes gouvernementaux qui promeuvent l’équité dans l’accès aux services sociaux sont une force économique à considérer même s’ils ne sont pas toujours facilement chiffrables par nos indicateurs standards. L’augmentation de 3$ des frais de CPE signifierait une augmentation de 1570$ par année pour une famille de deux enfants, les frais passant de 3650$ à 5220$ par année. Les augmentations tarifaires, si elles ne sont pas compensées par d’autres mesures atténuantes, sont plus pesantes à assumer pour les faibles revenus.

«Ce sont les revenus de l’État qui sont trop bas et non les dépenses qui sont trop élevées», écrit le collectif Économie autrement. Ce dernier suggère d’augmenter le niveau des impôts sur le revenu tout en leur donnant une structure plus progressive ou de tirer de meilleures redevances des ressources naturelles. S’il est question d’augmenter la productivité pour lutter contre la dette et rester compétitif à l’échelle mondiale, une amélioration de la qualité de la main-d’œuvre serait plus efficace : « le drame du décrochage scolaire me semble un problème bien plus grave que celui de la dette » affirmait Bernard Élie au Devoir, membre du collectif Économie autrement.

Car toutes ces questions sur les finances publiques « exigent un débat beaucoup plus approfondi que celui que nous avons eu jusqu’à présent », conclut Bernard Élie.

Discussion

2 commentaires pour “Des services publics abordables, une force économique à conserver”

  1. Je suis bien d’accord: surtout augmenter les revenus de l’État: impôts, redevances…MAIS AUSSI diminuer les dépenses, ce qui ne veut pas dire nécessairement diminuer les services, mais couper les multiples sources de gaspillage: les 35% de « surcoûts » des contrats de travaux publics, la multiplication des consultants au lieu des experts-fonctionnaires (sorte de privatisation des services publics), les subventions aux écoles privées qui ne respectent pas les programmes, les PPP, la sur-bureaucratisation dans les services de la santé et de l’éducation, etc. etc. Alors ne pas tomber dans le panneau journalistique: entre impôts et dépenses de l’État, les sondages révèlent évidemment une préférence pour la diminution des dépenses, mais pas nécessairement des services!!

    Écrit par Paul R Bélanger | mars 17, 2010, 14 h 58 min
  2. Exactement ! D’ailleurs, le dernier sondage dévoilé dans Le Devoir, récemment, était à cet égard particulièrement piégé. Les répondants avaient le choix entre 1) diminuer le déficit par des coupures 2) continuer à dépenser ou 3) ne sais pas !!! Évidemment, les répondants ont choisi le premier et les grands titres ont été: les Québécois sont aux deux tiers en faveur des coupures…

    Écrit par Gilles Bourque | mars 17, 2010, 15 h 25 min

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