Pendant longtemps, l’activité économique sous-tendant le développement matériel de nos sociétés n’a pas fait grand cas du coût environnemental de son déploiement. Nous devons aujourd’hui réparer certains pots cassés. C’est à cette tâche que s’est attelé le ministère des Ressources naturelles du Québec au Nunavik.
Depuis 2007, avec la collaboration de sociétés d’exploration (Fonds Restor-Action Nunavik), de l’Administration régionale Kativik et de la Société Makivik, le ministère a entrepris de nettoyer 18 sites abandonnés par des entreprises minières durant les années 50 et 60. Il n’était pas question à l’époque de minimiser l’impact de l’exploitation des ressources sur les écosystèmes. Dans le meilleur des cas, on se contentait d’enterrer les débris ou de les pousser à la mer. Ces 18 sites regroupent 50% des débris laissés par les compagnies minières dans la région qui compte au total 250 sites répertoriés. On prévoit avoir terminé le nettoyage en 2012. Le coût de l’opération est estimé à 4 millions de dollars.
Plusieurs facteurs rendent la restauration des sites complexes : isolement des sites, manque d’accès, long laps de temps écoulés depuis les activités d’exploitation. « Tout quitte les lieux soit par avion, soit par hélicoptère, soit par transport en motoneige l’hiver. Il n’y a pas de route, c’est ça qu’il faut comprendre. On ne peut pas envoyer un camion comme les gens peuvent s’imaginer. On ne peut pas arriver avec deux, trois semi-remorques et dire « on embarque les barils, puis on s’en va ». C’est une grosse logistique de transport coûteuse et complexe » explique Denis Blackburn, ingénieur au ministère des Ressources naturelles.
Si les consciences environnementales ont bien changé depuis les années 1960, certaines compagnies minières refusent toujours de prendre leurs responsabilités. Comme le rapportait par exemple Sylvain Martin le 14 mars dernier, la Century Mining refuse de remettre au gouvernement québécois les 3,5 M$ qu’elle lui doit. Le député Denis Trottier rappelait que la compagnie avait commis une trentaine d’infractions à la loi sur la qualité de l’environnement entre 2007 et 2008. « L’attitude méprisante de la présidente de Century Mining est inqualifiable. Les Québécois sont en droit de réclamer du gouvernement du Québec qu’il mette ses culottes et démontre que c’est lui qui gère le sous-sol des Québécois et non les multinationales étrangères », a conclu Denis Trottier.
La Century Mining n’est pas la seule à ne pas avoir payée son dû au gouvernement québécois. Comme le rapportait le Vérificateur général en mars 2009, alors que les compagnies sont tenues par la loi de payer des droits miniers qui correspondent à 12% de leur profit, « 14 entreprises n’ont versé aucun droit minier alors qu’elles cumulaient des valeurs brutes de production annuelle relative aux minerais métalliques de 4,2 milliards de dollars [pour la période allant de 2002 à 2008] » (voir page 2-14).
Beaucoup de chemin reste à faire avant que les compagnies minières deviennent de bons « citoyens corporatifs ». Le projet de loi 79, devant notamment modifier la façon de gérer les redevances, est d’ailleurs en gestation au Québec. La population sera consultée à travers une commission parlementaire, tout citoyen souhaitant s’exprimer sur le sujet pouvant soumettre un mémoire au Secrétariat des commissions de l’Assemblée nationale au plus tard le 26 avril. Une demande d’intervention pour être entendu durant les audiences peut également être faite au secrétaire de la Commission.
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