Nous l’annoncions plus tôt cette année, l’Europe a décidé de sévir contre les financiers qui abusent de leur position de pouvoir pour se donner des compensations exagérées : la Grande-Bretagne et la France ont décidé de taxer à 50 % les bonus des banquiers supérieur à 27 000 euros.
Or on apprend que la taxe instaurée par le gouvernement britannique sur les bonus versés par les banques devrait rapporter 2,5 milliards de livres (2,75 milliards d’euros), bien plus que ce que prévoyait le gouvernement, selon un décompte publié par le Financial Times. Le quotidien a calculé cette estimation à partir de données concernant les seize plus grandes banques installées au Royaume-Uni, britanniques ou étrangère. Ce montant est très supérieur à ce que prévoyait le gouvernement mais est tout de même en dessous des 4 milliards de livres qui avaient été évoqués par certains experts de la City lors de l’annonce de cette taxe.
Le ministre des finances Alistair Darling avait indiqué, en annonçant début décembre la création de cette taxe que le gouvernement tablait sur 550 millions de livres de recettes. Il avait prévu de consacrer ces fonds à des programmes d’aide au retour à l’emploi.
Ces revenus fiscaux plus élevés que prévu représentent un baume pour le gouvernement travailliste à l’approche des élections législatives. Néanmoins, elle démontre l’échec du principal objectif de la taxe, qui était de dissuader les banques de verser des primes élevées. Les banques ont probablement augmenté le montant des primes de manière à ce que le montant net reçu soit aussi généreux qu’avant.
Par ailleurs, si les États ne s’attaquent pas aux autres institutions financières, tels que les fonds spéculatifs, ils ne s’attaquent pas à la racine du problème. Comme nous le rappelait Serge Truffaut, du journal Le Devoir, les 25 gérants des principaux fonds spéculatifs étatsuniens ont empoché des rémunérations dépassant les 25 milliards $ ! Ces profits exceptionnels découlent directement de l’instabilité des marchés dont ils sont eux-mêmes les principaux responsables…
Devant l’inaction des États, il faudra donc compter sur la révolte des actionnaires qui voient ainsi des parts importantes des gains des entreprises être dilapidés au profit d’une poignée de financiers.
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