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Le samedi 23 avril 2022

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Tir groupé sur la dette nette: le Québec cigale ou fourmi ?

L’auteur invité est Jean-François Lisée, ancien conseiller des premiers ministres Jacques Parizeau et Lucien Bouchard de 1994 à 1999, maintenant directeur exécutif du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM)

Je ne comptais pas revenir sur le sujet de sitôt mais, comme Michael Corleone dans le Parrain III: they pull me back in… They ? Les économistes et spécialistes intéressés à donner l’heure juste sur l’endettement réel du Québec et qui sont, comme moi, outrés par la propension de notre gouvernement à noircir un tableau qui est déjà, en soi, préoccupant. Je présente ici leurs principaux résultats.

Vous connaissez la rengaine: le Québec a une dette brute (votre hypothèque) préoccupante et qui, si elle n’est pas contenue, va peser de plus en plus sur nos finances, surtout lorsque les taux d’intérêt vont — ce qui est inévitable — remonter.

Sommes-nous donc parmi les plus irresponsables des peuples industrialisés ? C’est ce qu’on essaie de nous faire croire. Or trois récents calculs de la dette nette (votre hypothèque moins vos épargnes et investissements) offrent un portrait tout autre. Le Québec/cigale frivole de la dette brute se transforme en Québec/fourmi industrieuse.

Tous les calculs se fondent sur le calcul comparatif de l’OCDE, mais chacun utilise des subtilités différentes, propres aux entités sous-nationales, comme le Québec. Prenons-les par ordre chronologique de résultats.

1) 2006, Marcelin Joannis

D’abord Marcelin Joannis, économiste de l’Université de Sherbrooke lié au CIRANO, me signale qu’il a procédé à un calcul de la dette (brute et nette) pour son chapitre du livre Le Québec économique 2009. Ses chiffres datent de 2006. [Note d'OikosBlogue: la dette nette du Québec calculée par Joannis est sous la moyenne de la Zone Euro et de l'OCDE]

Commentaire général de Joannis:

Le résumé de ma position sur la question: le Québec (comme d’autres provinces canadiennes) fait partie du groupe des juridictions les plus endettées de l’OCDE, mais le Québec (comme les provinces canadiennes en général) dispose d’actifs élevés selon les standards internationaux qui compensent en partie son imposant passif. Le Québec a donc, selon moi, un problème d’endettement auquel il doit s’attaquer. Mais ce problème est, heureusement, un problème gérable, ce qui me permet de penser que des mesures énergiques mais raisonnables peuvent être adoptées.

2 ) 2008/2009, Louis Gill

Dans un texte publié le 10 avril dernier, l’économiste de l’UQAM Louis Gill s’amuse d’abord en appliquant à l’Ontario le catastrophisme ambiant servi au Québec:

Si on compare cet endettement brut [de l'Ontario] de 80 % du PIB en date du 31 mars 2009 avec celui des pays membres de l’OCDE pour l’année 2008, comme le fait le ministère des Finances, on constate que l’Ontario se situe au 7e rang des entités économiques les plus endettées du monde, derrière le Japon, l’Italie, l’Islande, la Grèce, le Québec et la Belgique, et au-dessus de la moyenne de l’OCDE de 78,4 %. Cela devrait calmer les élans des prophètes de malheur qui vouent le Québec aux gémonies pour la place qu’il occuperait au sommet du palmarès de la dette excessive.

Gill a raffiné son calcul de la dette nette pour l’Ontario et le Québec.

3) 2010, Jacques Léonard et Stéphane Gobeil

Finalement, l’ex président du Conseil du Trésor Jacques Léonard et l’ex-membre du cabinet Duceppe Stéphane Gobeil ont présenté leur propre mise à jour le 15 avril dernier. Ils portent leur regard sur les prévisions existantes pour l’année en cours, 2010.

Le résultat est assez net: au palmarès de la dette nette, celle du Québec est inférieure à celles de tous les pays du G7, sauf le Canada.

Résumons-nous :

1. En matière de dette, le Québec n’est pas la Grèce. C’est déjà bon à savoir par les temps qui courent.
2. En matière de dette, l’Ontario est presque le Québec. Au moins, on a de la compagnie près de chez soi.
3. En matière de dette, la situation de la plupart des pays industrialisés se détériore plus rapidement que la nôtre. Cela ne réduit pas les paiements que l’on doit faire, mais relativise le procès qu’on nous fait.
4. Notre dette est trop lourde et il faut s’y attaquer, intelligemment.

On peut lire le texte au complet (avec ses tableaux) sur le blogue de Jean-François Lisée

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