La ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Line Beauchamp, présentait, il y a quelques semaines, le bilan des émissions de GES au Québec. Selon l’inventaire des gaz à effet de serre de 2008 que le gouvernement canadien a présenté au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, les émissions québécoises auraient diminué de 5,5 % en 2008. « Nous commençons à ressentir les effets positifs des actions que nous avons entreprises dans le cadre du Plan d’action. Le taux des émissions du Québec se situe maintenant sous le niveau de 1990 (-0,9 %). Nous sommes définitivement sur la bonne voie ! », a déclaré la ministre.
Pour se conformer aux dispositions du protocole, entériné par tous les partis de l’Assemblée nationale, le Québec devra rattraper dans les prochaines années (pour la période 2008-2012) l’écart de 5,1 % qui le sépare de l’objectif officiel de réduction de 6 % sous le niveau de 1990. Mais si le Québec n’a pas atteint la cible dès la première année, son bilan est de loin meilleur que celui du Canada, un des pires de tous les pays de l’OCDE. Comme le signale Louis-Gilles Francoeur, « les émissions canadiennes dépassaient en 2008 de 31,5 % l’objectif que le Canada doit atteindre selon les règles du droit international, soit 6 % sous le niveau de 1990. »
Comme on peut le constater dans l’inventaire canadien, les émissions totales du Canada ont atteint 734 gigatonnes de CO2 en 2008, une baisse de 2,2 % par rapport à 2007. Mais cette baisse est principalement due à un ralentissement important de l’activité économique (une baisse de plus de 2 points du taux de croissance).
Si on divise par les quelques 33,7 millions de population en 2008, on obtient une émission de 21,8 tonnes de CO2 par capita pour l’ensemble du Canada, alors qu’au Québec c’est 10,6 tonnes. Lorsque l’on regarde le tableau de la dernière page de l’inventaire canadien, on ne peut que constater que l’Alberta, grande productrice d’énergie fossile, est la grande responsable du problème canadien. Les lobbies du pétrole et du charbon doivent avoir dépensé des sommes fabuleuses pour placer leurs hommes à la tête du gouvernement canadien. Mais ça rapporte gros à court terme, puisqu’aucune contrainte ne leur sont imposées !
Le bilan du Québec est mitigé, malgré l’importante baisse des émissions en 2008. Selon les données détaillées de l’inventaire canadien soumis à la Convention-cadre (j’ai extrait les tableaux des provinces, qui sont disponibles dans ce tableur), la réduction des émissions au Québec s’explique surtout par trois raisons:
a) la fermeture de la centrale au gaz de TransCanada Energy à Bécancour (-1,7 Mt);
b) la réduction du volume d’activité dans le secteur industriel (3,0 Mt, dont 1 Mt en réduction dans le secteur des procédés);
c) la réduction de la consommation dans le secteur résidentiel (-500 kt), en raison d’une autre vague de conversion du mazout vers l’électricité.
Pour ce qui est de la réduction des émissions de méthane des dépotoirs, qui est au coeur de la stratégie de Québec pour atteindre son objectif de Kyoto (le PACC compte obtenir des réduction de 3,5 Mt/année en convertissant le méthane en CO2), il faudra attendre l’inventaire de l’an prochain pour savoir si les réductions sont à la hauteur des attentes, puisque le fédéral ne remet à jour ses données sur le secteur des déchets qu’une fois aux deux ans.
Quant aux émissions dans le secteur des transports, il semble que la hausse des prix dans les six premiers mois de 2008 n’aient pas eu un impact majeur, avec des réductions autour de 2%.
Le document fédéral dans son entièreté peut être consulté sur le site de l’UNFCCC (fichier zip contenant 3 PDF).