Le président Barak Obama jouit encore une fois d’une bonne opportunité pour faire avancer ses réformes. Quelques jours avant un discours qui devait officiellement lancer son projet de réforme des institutions financière, la Securities and Exchange Commission, une agence fédérale indépendante de surveillance des marchés financiers, déposait une poursuite contre la banque d’affaires Goldman Sachs pour fraude sur des produits dérivés.
« Goldman is accused of creating and marketing derivatives tied to high-risk subprime mortgages, without telling investors that the mortgage bonds for the portfolio had been picked by a billionaire investor who then bet against them and profited immensely when the bonds failed. »
Il faut signaler que, quelques jours avant que la SEC dépose ses accusations, 41 sénateurs républicains avaient signé une lettre pour s’opposer au projet de réforme du président Obama, ce qui permettait de penser que l’opposition républicaine allait encore une fois utiliser son pouvoir de nuisance pour bloquer les procédures législatives. Devant l’hostilité évidente de l’opinion publique contre les rapaces de la finance, les Républicains devront sûrement faire marche arrière dans ce domaine.
La plainte de la SEC désigne Fabrice Tourre, un vice-président de la banque d’affaires d’origine française mais basé à Londres, comme principal responsable de cette manoeuvre, qui remonte à avril 2007. Le fonds Paulson aurait rémunéré Goldman Sachs 15 millions de dollars pour la création de ce produit d’investissement, selon la SEC. Les investisseurs, eux, auraient perdu au total plus de 1 milliard de dollars dans l’aventure.
Ce qui est scandaleux ce n’est pas cette découverte inopinée; c’est le fait que c’est pratiquement la première fois que ces voleurs à cravates se font prendre par les autorités de surveillance alors que depuis des années ils pillent les fonds publics (les caisses de retraite) aux dépends des citoyens (qui sont tous, d’une manière ou d’une autre, détenteurs d’actions ou d’obligations), des entreprises et des gouvernements. L’an passé, à peu près à la même date, les salariés de Goldman Sachs à Londres étaient informés qu’ils allaient recevoir les plus gros bonus de l’histoire de la banque en 140 ans d’histoire. L’année précédente, plus de 973 salariés de Goldman Sachs avaient reçu au moins un million d’euros en bonus.
Goldman Sachs croule sous l’argent. En bonne partie responsable de la crise financière qui a obligé les États à s’endetter, elle profite maintenant des émissions record de ces États. La banque prévoyait que le gouvernement étatsunien pourrait émettre 3,25 trillions de dollars de dette avant septembre, près de quatre fois le montant de la dette émise l’an dernier. Goldman Sachs étant un des principaux « prime broker » sur obligations du gouvernement étatsunien, elle fera donc à cette occasion des millions de dollars de profits. Elle profite aussi plus que d’autres de la faible concurrence sur le marché. On dit que la décision d’Hank Paulson, alors secrétaire d’État au trésor américain, ancien CEO de Goldman Sachs, de laisser couler la banque Lehman Brothers n’aurait que trop bien servi les intérêts de son ancienne maison.
Suite à la poursuite de la SEC, le Sénat des Etats-Unis a décidé d’appeler à témoigner devant une Commission sénatoriale les plus hauts dirigeants de Goldman Sachs pour une journée d’audition sur « le rôle des banques d’investissement dans la crise financière focalisée sur la titrisation d’actifs adossés aux prêts hypothécaires immobiliers et leur commercialisation. »
En Grande-Bretagne, la Financial Services Authority, le gendarme des marchés financiers, a annoncé, elle aussi, l’ouverture d’une enquête officielle sur Goldman Sachs. Elle indique « qu’à la suite de premières investigations, la FSA a décidé d’ouvrir une enquête formelle sur Goldman Sachs International en relation avec les récentes affirmations de la SEC« . Goldman Sachs a réagi en expliquant qu’elle coopérerait avec la FSA, mais en rappelant qu’elle jugeait les accusations de la SEC infondées. Le BaFin, l’autorité boursière allemande, a annoncé qu’elle avait demandé elle aussi des renseignements à la SEC.
Même si le cancer financier qui gangrène l’économie réelle va bien au-delà de la seule banque Goldman Sachs, il semble bien que ce sera peut-être par elle que la justice et la société pourront peut-être faire le procès de ce système légal d’extorsion et de pillage de la richesse. On vient en effet de découvrir que c’est une cadre de la banque Goldman Sachs, Antigone Loudiadis, qui serait considéré comme l’architecte du montage financier permettant de dissimuler l’ampleur de la dette de la Grèce. Elle aurait permis à sa banque d’engranger 300 millions de dollars de rémunérations pour ces transactions. Le mécanisme, très complexe, implique une société située au coeur du quartier financier de Londres, Titlos PLC, créée en 2009, mais considérée par le journal comme « la descendante d’un accord de 2001 pour aider à cacher la dette » de la Grèce.
Le magazine économique français Les Echos reprend l’information du Spiegel et du New York Times selon laquelle Goldman Sachs est accusée d’avoir joué un rôle ambigu dans la crise grecque. « La banque d’affaires aurait, avec l’aide d’instruments développés par JP Morgan Chase et d’autres banques de Wall Street, aidé la Grèce à dissimuler l’ampleur de sa dette et de son déficit en sapant ainsi la crédibilité de ses comptes publics depuis plusieurs années ». Le New York Times indique qu’un montage mis en place en 2001 par la banque, à travers des swaps de devises, aurait permis au gouvernement grec d’emprunter plusieurs milliards en « dissimulant la transaction aux yeux du public ».
Ces financiers vont-ils pouvoir continuer de jouir encore longtemps de ce pouvoir de nuisance ? À l’époque, Keynes parlait « d’euthanasier » les rentiers. Aujourd’hui il faut plutôt « lobotomiser » les spéculateurs !
Le Québec a t il été floué de 10 milliards par les agences de notations de Toronto ?
http://www.vigile.net/Le-Quebec-floue-de-plus-10
le cabinet d’Obama est remplis de lobbyistes de wall street dont plusieurs viennent de Goldman Sachs
[...] Oikos Blogue | Le scandale de Goldman Sachs : est-ce un cas isolé ? Goldman Sachs croule sous l’argent. En bonne partie responsable de la crise financière qui a obligé les États à s’endetter, elle profite maintenant des émissions record de ces États. La banque prévoyait que le gouvernement étatsunien pourrait émettre 3,25 trillions de dollars de dette avant septembre, près de quatre fois le montant de la dette émise l’an dernier. Goldman Sachs étant un des principaux « prime broker » sur obligations du gouvernement étatsunien, elle fera donc à cette occasion des millions de dollars de profits. [...]