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Le projet montréalais de l’échangeur Turcot est le seul légitime

Le mois passé, la Ville de Montréal a fait connaître son projet de rénovation de l’échangeur Turcot en réponse au projet du ministère des Transport. Appuyé par l’ensemble des partis politiques municipaux, par les principaux acteurs de la société civile et par le Parti Québécois, le projet montréalais privilégie une structure surélevée pour un échangeur qui serait circulaire. Il comporterait deux voies, dont une réservée au transport en commun, et la création d’un corridor pour un service de tramway.

Selon la Ville de Montréal, le plan proposé permettrait de réduire la circulation automobile, tout en faisant augmenter le transport en commun. Il réussirait aussi, selon l’administration municipale, à préserver les quartiers existants.

C’est maintenant au gouvernement de faire son choix, puisque la structure routière lui appartient. Mais le plan de réfection du MTQ nous apparaît inacceptable. Le Conseil régional de l’environnement de Montréal a bien documenté ce projet et ses impacts.

En choisissant une construction sur talus de 6 à 7 mètres de hauteur, il déstructure totalement le tissu urbain de plusieurs secteurs géographiques.

Selon le CRE de Montréal, ce projet est en contradiction avec les orientations gouvernementales, en particulier « avec le Plan de développement durable du MTQ, qui entend soutenir des systèmes de transport efficaces, diversifiés et intégrés. Ce plan vise notamment à contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), accroître l’efficacité du transport routier des marchandises en encourageant l’intermodalité, favoriser l’utilisation accrue des modes de transport autres que l’auto solo pour le transport des personnes, assurer la pérennité des systèmes de transport existants et mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que l’utilisation des infrastructures routières devienne encore plus sécuritaire. »

L’axe de l’autoroute 720 passerait de 6 à 8 voies, avec l’ajout d’une voie de circulation réservée au transport collectif. Le MTQ prévoit d’ici 2026 une augmentation de 174 900 déplacements autos en pointe du matin à Montréal, soit une croissance de 17 %. Au grand total, le projet Turcot proposé par le MTQ représentait donc une augmentation de 25 000 à 50 000 déplacements par jour. Ça ne correspond aucunement aux attentes de la population et aux objectifs que se sont donnés les intervenants de la communauté montréalaise.

Louise Harel, chef de l’opposition à la Ville de Montréal, a semblé apprécier le projet du maire Tremblay. « Le projet alternatif de reconstruction du Complexe Turcot que le maire de Montréal a enfin rendu public aujourd’hui est la meilleure réponse aux revendications des citoyennes et citoyens et aux recommandations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). La ministre des Transports doit prendre acte de la vaste coalition que ce projet alternatif suscite et y donner suite », soutient-elle dans un communiqué.

Le CRE de Montréal et ses partenaires se sont aussi dit satisfaits du projet dévoilé par la Ville. Ils estiment en fait qu’elle a réussi à intégrer toutes les préoccupations de la communauté montréalaise, à savoir de réduire la circulation automobile, d’augmenter l’offre de transports collectifs, d’augmenter les espaces verts, d’améliorer la qualité du milieu de vie et de diminuer la consommation d’espace. Le Réseau des ingénieurs du Québec (RéseauIQ) a salué de son côté l’initiative de la Ville de Montréal de rendre publiques ses attentes concernant le projet de réfection. De plus, des experts tels que l’urbaniste Jean Décarie et la professeure de l’UQAM Florence Junca-Adenot, ont aussi encensé le projet de l’administration Tremblay, qui est moins gros que celui élaboré par Québec et doté de plus d’espaces verts.

Pour le porte-parole du PQ en matière de transports, Stéphane Bergeron, le projet de la Ville de Montréal évitera qu’on enclave et divise les quartiers. De plus, la structure circulaire en hauteur que suggère la Ville de Montréal réduira l’achalandage automobile, fait encore valoir Richard Bergeron.

Reste la question des coûts de réalisation des projets. Le Ville de Montréal n’a pas révélé les coûts précis que ce scénario pourraient engendrer, ni les délais. Le maire Tremblay dit attendre l’évaluation du ministère des Transports du Québec. Le projet proposé par le MTQ, qui a été remanié après que le BAPE l’ait rejeté, serait évalué à 2,5 milliard de dollars, et on prévoit que les travaux seraient complétés d’ici sept ans. Le maire de Montréal a pour sa part reconnu que son projet nécessiterait 18 mois de plus de travaux de construction, ce qui porterait à l’an 2019 l’achèvement de l’échangeur Turcot, mais que la Ville n’avait pas l’expertise nécessaire pour effectuer le calcul des coûts, expertise qu’on trouve au ministère des Transports.

La ministre des Transports, Julie Boulet, a rejeté cavalièrement le projet des Montréalais. Le MTQ prétend que les coûts de rénovation de ce projet s’élèveraient à 6 milliards de dollars. Avec un délai de moins de 48 heures, on ne peut que rire devant cette estimation totalement ridicule. De toute façon, comme le signale le maire Tremblay, ce n’est pas seulement les coûts directs de rénovation qu’il faut prendre en compte, mais aussi les impacts économiques, sociaux et environnementaux qu’ils impliquent. Or, sur ce plan, les impacts du projet montréalais seront, de beaucoup, supérieurs à celui du gouvernement du Québec. Sur le plan environnemental, les émissions seront moindres. Sur le plan social, les communautés riveraines seront moins affectées. Enfin, sur le plan économique, le projet montréalais devrait permettre un développement immobilier qui est totalement absent du projet du MTQ.

En somme, le projet gouvernemental est inacceptable. La droite ultralibérale ne manque jamais une occasion de s’attaquer à l’effet de nuisance de la gauche ou du mouvement communautaire qui constitueraient des obstacles au développement. Nous avons là une occasion de démontrer qu’au contraire, en soutenant une proposition qui fait converger le développement avec le respect de nos valeurs et de nos objectifs, c’est la droite qui représente un effet de nuisance au développement durable. Il faut s’unir derrière le projet montréalais, en faire un des grands enjeux de confrontation avec ce gouvernement. Comme pour la bataille de la centrale du Suroît, il faudrait que ce projet représente une défaite pour ce gouvernement qui n’a plus aucune légitimité pour gouverner le Québec.

Discussion

2 commentaires pour “Le projet montréalais de l’échangeur Turcot est le seul légitime”

  1. [...] This post was mentioned on Twitter by psanterre. psanterre said: Le projet montréalais de l’échangeur Turcot est le seul légitime, selon Oikos http://bit.ly/9zP2LJ [...]

    Écrit par Tweets that mention Le projet montréalais de l’échangeur Turcot est le seul légitime, selon Oikos -- Topsy.com | mai 7, 2010, 12 h 36 min
  2. il devrait y avoir une loi qui
    interdirait au gouvernement de
    mettre les pieds dans toutes municipalites pour en faire des
    travaux a moins que ca soit de concert avec la dite municipalite;
    plans fait de concert et pas imposes…
    le gouvernement du quebec est a notre service et pas le contraire.

    Écrit par michel bedard | mai 11, 2010, 12 h 48 min

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