CESD-Oikos-989x90

Le samedi 23 avril 2022

Recherche:

Les faits démentent le cataclysme annoncé

L’auteur invité est l’Institut de recherche économique contemporain (IREC)

Le colloque de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) « Pénuries de main-d’oeuvre : le Québec face à ses pénuries » qui s’est tenu mardi a permis de déboulonner plusieurs idées reçues concernant le taux d’activité, le chômage, l’immigration, la participation des jeunes au marché du travail et le vieillissement de la population. « Les faits exposés hier heurtent de plein fouet la vision apocalyptique que plusieurs économistes, politiciens et médias font circuler. Le taux d’activité est l’un des meilleurs de tous les pays du G7, le chômage est structurellement à la baisse et le vieillissement ne sera pas le cataclysme annoncé. L’avenir est ouvert. Il n’en tient qu’à nous de trouver des réponses adaptées aux défis qui sont les nôtres » a déclaré Robert Laplante, directeur général de l’IRÉC.

Un des taux d’activité les plus élevés du G7

André Grenier, coordonnateur à la direction du Centre d’étude sur l’emploi et la technologie et analyse du marché du travail à Emploi-Québec a tracé un portrait tout en nuance. Le taux d’activité de la population de 15 à 64 ans était de 77,3 % en 2008, l’un des plus élevé au monde. Le taux de chômage est demeuré inférieur au taux des meilleures années des décennies 1980 et 1990. On prévoit qu’il ira à son niveau le plus bas depuis 1967 soit 5,5 % en 2018. Les 1,3 million de postes qui devront être comblés d’ici 2018 le seront par les jeunes (57 %) la hausse du taux d’activité principalement les 55 à 64 ans (15%), les immigrants (17%) le 65 ans et plus (7%) et les chômeurs (4%). « Il n’y a pas de pénuries globales de main-d’oeuvre à l’horizon », a expliqué André Grenier.

Démogaphie et immigration : les pendules à l’heure

Les projections démographiques catastrophistes sur les effets du vieillissement ainsi que les idées simplistes sur les effets du recours à l’immigration pour le contrer de même que pour réduire les effets de la réduction de la population en âge de travailler ont été battus en brèche par plusieurs conférenciers. France Bernier du service de recherche de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a rappelé que les prévisions démographiques ne sont que des ensembles d’hypothèses susceptibles de changer rapidement: il y a quelques années à peine on prévoyait un déclin démographique en 2011 accompagné d’une décroissance économique. On a plutôt assisté à une remontée de la fécondité et le Québec a mieux résisté que prévu à la dernière récession. La chercheuse considère que les problèmes de rareté de main-d’œuvre s’expliquent davantage par l’augmentation du travail atypique qui, dans le secteur de la santé notamment, crée un important problème d’attraction et de rétention, problème lié non pas au manque d’effectifs mais aux conditions de travail et aux modes de gestion du personnel.

Le démographe de l’Université de Montréal, Marc Termote, a affirmé que toutes les études démontrent que l’impact économique de l’immigration internationale sur l’amélioration du niveau de vie et de prospérité est à peu près nul. Il a également souligné que tous les scénarios démontrent que pour contrer un éventuel déclin démographique ou atténuer le vieillissement, ce sont l’augmentation de la fécondité et le redressement du solde migratoire interprovincial qui sont des facteurs plus déterminants. « Le poids relatif de l’immigration est trop faible pour infléchir les courbes. Pour le faire il faudrait hausser les seuils d’immigration à des niveaux franchement irréalisables socialement et économiquement » dit-il.

Les jeunes et le marché du travail : des faits nouveaux

Le chercheur à l’Institut national de recherche scientifique (INRS), Mircéa Vultur, a livré les principales conclusions d’une étude inédite sur les attitudes des jeunes à l’égard du marché du travail. Elle révèle que les jeunes sont plus présents sur le marché du travail, que leur taux d’emploi est élevé, que le taux et la durée du chômage ont atteint des niveaux très bas et qu’ils ont une forte mobilité professionnelle. Sur le plan des valeurs, le travail occupe toujours une place importante dans l’univers des jeunes. Cependant, ils revendiquent un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. Enfin, le chercheur constate un taux d’adhésion très élevé aux nouvelles normes managériales comme la polyvalence des tâches.

Les travailleurs vieillissants : les entreprises devront s’ajuster

La chercheuse Diane-Gabrielle Tremblay de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a donné les grandes lignes d’une étude sur le vieillissement et le travail. Elle préconise une nouvelle approche qui intègre le parcours de vie des travailleurs et des travailleuses. « Nous devons tenir compte de la diversité des situations et prendre en compte les demandes des salariés plutôt que de les imposer », dit-elle. « On peut par des politiques publiques éliminer les obstacles au maintien en emploi par des aménagements favorables dans les entreprises. » Elle a donné l’exemple de la Finlande qui a réussi à augmenter le nombre de personnes âgées de 55 ans et plus en emploi par des mesures favorables à ceux qui souhaitent prolonger leur présence sur le marché du travail.

L’enquête indique que les salariés sont ouverts pourvu que l’on tienne compte des caractéristiques des différents segments du marché du travail et que l’on introduise des mesures adéquates. La recherche indique qu’il y a un grand intérêt pour des aménagements basés sur la réduction du temps de travail pour éviter des retraits complets du marché du travail. Cet intérêt est cependant peu partagé par les employeurs.

La grande industrie et le syndicalisme s’ajustent aux changements

Les interventions de Daniel Nadreau directeur des Ressources humaines chez ArcelorMittal et Daniel Roy directeur québécois du Syndicat des Métallos ont montré que le monde du travail québécois est ouvert à l’innovation en matière de gestion des ressources humaines.. Des expériences concrètes font actuellement une meilleure place aux par diverses formules de recrutement, de stage et d’intégration en entreprise. C’est notamment le cas des ententes intervenues entre le Cegep de Sept-Îles, la compagnie et le syndicat pour mettre en place un projet d’alternance travail/étude avec des stages en entreprise supervisés par des compagnons et la reconnaissance de l’ancienneté si l’étudiant ou l’étudiante décide à la fin de ses études de travailler dans cette entreprise.

On peut lire le texte complet sur le site de l’IREC. On peut aussi consulter toutes les communications citées sur la page du Colloque sur la main-d’œuvre: le Québec face à ses pénuries

Discussion

Pas de commentaire pour “Les faits démentent le cataclysme annoncé”

Commentaire

Inscrivez votre courriel ci-dessous pour recevoir le bulletin hebdomadaire:

Agenda Public

Un code est requis pour ajouter des evenements a l'agenda.
Appuyez sur "Obtenir un code" ci-dessous pour s'inscrire.

Si vous avez un code, inserez votre code ci-dessous:

Votre compte étant nouveau, s'il vous plait enregistrer vos informations:











Informations sur l'evenement a ajouter: