Selon les études de la Division Population des Nations Unies, en 2050 plus des deux tiers de la population mondiale seraient urbanisés et ce phénomène devrait se poursuivre au-delà (voir les figures présentées sur le blogue de Raymond Bonnaterre). Toutes les régions du monde sont concernées, mais avec des dynamiques différenciées selon les régions les plus en avance (Amérique du Nord, Amérique Latine) et les plus en retard (Afrique et Asie).
En 2050, les deux pays les plus urbanisés seraient la France et le Brésil, avec un taux de 94 %. Cette croissance de l’espace urbain entraîne la création de grosses et très grosses agglomérations, et par le fait même la poursuite du développement des modes de transports de masse (train, métro, tram) aux dépens du transport individuel. La plus grosse agglomération du monde (Tokyo avec 37 millions d’habitants) devrait servir d’exemple aux futures très grandes agglomérations asiatiques comme Delhi, Mumbai (Bombay), Dhaka, Calcutta ou Shanghai.
Mais pour l’instant, nous dit Julien Allaire de l’Université de Grenoble, l’urbanisation se traduit trop souvent par une forte congestion. Le parc automobile augmente toujours plus rapidement que les infrastructures routières : les véhicules motorisés sont plus abordables que dans les années 1960; à l’inverse, les capacités de financement d’infrastructures sont moindres. La congestion urbaine entraîne une très mauvaise efficacité énergétique et une forte pollution. Toujours, le problème découle de la domination de la logique de la « motorisation des ménages », de l’utilisation de la voiture-solo ; or, car tant que les autobus urbains sont bloqués dans les embouteillages, nous dit Allaire, la voiture conserve une vitesse supérieure à celle du bus.
Dans les pays du sud les politiques se transforment. Par exemple, après avoir cherché à développer la motorisation des ménages, les autorités chinoises ont relancé d’importants programmes de rail urbain dans les grandes villes du pays. Elles s’orientent à plus long terme vers une forte intermodalité. Les villes d’Asie du Sud-Est ont développé un nouveau système de transport urbain autour du motocycle, moins coûteux et nécessitant moins d’espace que l’automobile, mais très consommateur d’énergie, très polluant et très bruyant.
Selon Allaire, le premier exemple d’innovation répondant aux valeurs du développement durable est venu de Curitiba, au Brésil : le BRT (Bus Rapid Transit). Ce système de bus rapides s’est rapidement répandu, tant dans les pays en développement que dans les pays industrialisés (mais trop peu encore à Montréal). En dédiant des voies de circulation aux bus, le système de BRT augmente fortement la vitesse moyenne du réseau de transport public. De plus, il s’intègre dans une gestion plus large de la mobilité et sollicite une interaction avec l’aménagement urbain.
En alliant ce système du bus à voie réservée aux innovations dans le domaine des véhicules tout électriques, avec recharge rapide des piles, comme veut l’étudier la STM, il sera possible de répondre aux enjeux des villes du futur, dans une perspective durable.
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