Il nous apparaît assez cynique d’abolir le Conseil des aînés alors que le vieillissement de la population est présenté comme un enjeu majeur dans les années à venir. Les interrogations sont nombreuses concernant les impacts négatifs de ce budget, mais l’électrochoc qu’a fait subir le ministre des Finances, avec en catimini la fusion ou l’abolition de 28 des 200 organismes gouvernementaux, a produit un choc « post-traumatique » dont plusieurs mouvements sociaux sont encore sous l’effet…
Le mandat du Conseil des aînés était de « promouvoir les droits et intérêts des aînés et leur participation à la vie collective, ainsi que de conseiller la ministre responsable des aînés et le gouvernement sur toute question qui concerne ces personnes, notamment quant à la solidarité entre les générations, l’ouverture au pluralisme et le rapprochement interculturel. Il a également comme responsabilité d’animer les 17 tables régionales de concertation des aînés ».
Mais rien n’a vraiment bougé pour contester ces mesures, tant chez les aînés que pour d’autres conseils qui ont été abolis, dont celui de la Jeunesse. Alors que le gouvernement veut implanter une forme de tarification liée au système de santé, remettant ainsi en question son caractère public, accessible, universel et gratuit, il fait en même temps disparaître les multiples organismes de réflexion et de défense ayant un mandat public qui pouvaient contester ces mesures.
L’AREQ [Association des retraités de l’enseignement], la plus importante association québécoise de personnes retraitées des services publics, ne s’y trompe pas en signalant que les personnes aînées et celles à faible et moyen revenu soient en même temps durement touchées par l’instauration d’une contribution santé et d’un ticket modérateur.
« En même temps qu’il annonce une rationalisation des dépenses, le gouvernement implante le concept d’utilisateur payeur pour des services déjà financés par le biais des impôts. Il vient donc piger dans nos deux poches en même temps. Les personnes aînées ont vécu l’époque où l’épaisseur du portefeuille déterminait l’accès aux soins de santé et à l’éducation. Elles se sont battues pour la création de services publics universels et gratuits et y ont contribué durant plusieurs décennies. Déjà affaiblies par la perte constante de leur pouvoir d’achat, elles ne veulent pas retourner 40 ans en arrière ! », a déclaré la présidente de l’AREQ, Mariette Gélinas.
La bonification de 5 M$ et l’assouplissement du crédit d’impôt pour maintien à domicile sont bien accueillis par l’association, mais elle souligne que les crédits budgétaires annoncés sont nettement insuffisants. Notons que le coprésident de la récente consultation publique sur les conditions de vie des aînés avait évalué ces besoins à 500 millions $ !
« Encore une fois, le soutien aux personnes aînées vulnérables demeure le parent pauvre au ministère de la Santé et des Services sociaux. Pourtant, on touche ici à ce qu’il y a de plus fondamental : la capacité des personnes aînées de vieillir dans la dignité », a poursuivi Mariette Gélinas.
L’AREQ s’interroge sur les raisons qui motivent l’abolition du Conseil des aînés. Malgré des ressources très limitées (un million de dollars), cet organisme avait tout de même un mandat utile de réflexion et de conseil auprès du gouvernement, en plus de jouer un rôle de concertation entre les différentes organisations de personnes aînées.
C’est avant la fin de la présente année financière que le gouvernement doit préciser dans une loi ce qu’il adviendra des 28 organismes abolis. Les acteurs sociaux devront être vigilants pour ne pas laisser disparaître, sans réagir, des outils importants de la démocratie sociale québécoise.
Discussion
Pas de commentaire pour “Le budget du Québec et l’abolition du Conseil des aînés”