On se souvient que, dans son rapport sur l’évaluation des coûts économiques des changements climatiques, Nicholas Stern nous avertissait : si l’on agit maintenant, les changements climatiques pourraient nous coûter environ 1 % du PIB mondial. Mais dans l’hypothèse du laisser-faire, il estimait que les conséquences de ces changements devraient nous coûter environ 20 % du PIB mondial.
Une nouvelle étude, réalisée par le groupe écologiste WWF et l’assureur allemand Allianz, qui s’appuie sur des chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques, précise qu’en 2050, la fonte des glaces pourrait causer des inondations dans plus d’une centaine de grandes villes côtières du monde et entraîner des pertes de 28 000 milliards de $. À côté de cela, les 3 000 milliards qu’a coûté le sauvetage des banques suite à la crise financière de 2008-2009 apparaît plus abordable…
Selon Elise Buckle, chargée de l’énergie et du climat au WWF France, l’augmentation du niveau de la mer d’un demi-mètre, d’ici à 2050, provoquerait des inondations, des tornades, des destructions liées aux événements climatiques dans 136 villes portuaires du monde. Les mégalopoles d’Asie (au Bangladesh ou en Inde) sont au premier plan des villes sinistrées, parce qu’elles sont le plus proche du niveau de la mer en terme d’altitude et qu’elles sont également très peuplées, alors qu’une grande partie de leur population est très vulnérable.
Mais les grandes villes nord-américaines seraient également touchées (dont Baltimore, Boston, New York, Philadelphie et Providence). L’étude a d’ailleurs explicitement voulu montrer que, dans une ville comme New York, le réchauffement climatique pourrait avoir des effets dévastateurs, beaucoup plus que le 11-Septembre par exemple. On estime que le coût des dommages dans les quatre villes nommées plus haut se situerait entre 1 300 et 7 400 milliards de dollars.
Comme l’explique Elise Buckle, on cherche des solutions techniques compliquées, comme la séquestration du carbone pour les usines, alors que la nature propose des solutions plus simples. Il faudrait d’abord investir beaucoup plus dans les écosystèmes qui peuvent jouer le rôle de protection naturelle ou, comme c’est le cas pour les forêts, qui nous offre des services sans limites et quasiment gratuit de séquestration de GES. A long-terme, c’est là qu’il y a des solutions durables.
Pour elle, nous avons été si long à agir qu’il faudra de toute façon mettre en place des solutions radicales pour relocaliser progressivement les populations et les infrastructures. Mais il faudrait le faire rapidement car ça coûtera beaucoup plus cher de réparer après coup. En effet, il aurait coûté bien moins cher de régénérer les mangroves, marais et lagunes de la Nouvelle-Orléans et de remettre à niveau les murs de protection contre les ouragans plutôt que les près de 2 000 morts, le million de déplacé, les 200 000 familles relogées et 81 milliards de $ de dégâts.
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