Les négociations sur la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) se poursuit à Bonn jusqu’à la fin de la semaine (11 juin). Après l’échec de la Conférence à Copenhague, les négociateurs doivent tâcher de poursuivre les avancées réalisées et tenter de leur donner un cadre juridique. Pour les experts, la session qui s’est ouvert à Bonn est considérée comme une étape clé sur la route vers un traité global sur le climat, en particulier pour la préparation Sommet de Cancun, du 29 novembre au 10 décembre prochain.

Selon certains, Copenhague est un échec, alors que pour d’autres elle représente les premiers pas d’un accord obtenu à l’arraché, entre vingt-huit pays, et qui bénéficie aujourd’hui du soutien de 129 États, malgré les réticences de nombre de nations pauvres ou en développement. Parmi les objectifs collectifs retenus : la limitation à 2°C de la hausse des températures; un financement international atteignant 100 milliards de dollars par an en 2020 pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en voie de développement, avec un financement public intérimaire de 30 milliards de dollars sur la période 2010-2012.

Dans la lutte contre les émissions de CO2, l’Europe a jusqu’à maintenant joué un rôle majeur. Dans le cadre des négociations de la conférence de Copenhague, elle s’était engagée à réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 (par rapport à 1990), envisageant même de porter son effort à 30 %, si un accord « ambitieux » était obtenu. Cet effort paraît aujourd’hui totalement irréaliste à plusieurs spécialistes. Les lobbys du monde patronal ont poussé de tout leur poids pour faire tomber cet effort supplémentaire. Pourtant, l’Union européenne démontre déjà que l’atteinte des objectifs de Kyoto est possible.

Les émissions de GES de l’Europe des 15 ont baissé de 1,9 % en 2008 pour atteindre un niveau inférieur de 6,9 % à celui de l’année de référence du protocole de Kyoto. Une évolution qui rapproche l’Europe de son objectif de réduction de 8 % sur la période 2008-2012. Bien sûr qu’une partie de cette baisse des émissions n’est certainement pas étrangère à la faible croissance économique (0,6 %) liée à la crise économique. Mais il s’agit de la cinquième année consécutive de baisse, ce qui exclu la seule explication de la crise. Alors que les négociations en vue d’un accord mondial sur le climat pour l’après 2012 ont timidement repris à Bonn, la commissaire européenne chargée de l’action pour le climat Connie Hedegaard juge « capital de montrer que l’Europe est en mesure de respecter ses engagements au titre de Kyoto ».

Au Canada c’est exactement l’inverse qui se produit, renforçant l’impression que nous vivons, dans le domaine environnemental, dans un État voyou qui ment effrontément à la population canadienne et à la communauté internationale. Le dévoilement, en catimini, de la mise à jour 2010 du Plan de mise en application du protocole de Kyoto nous apprends que le gouvernement canadien a surestimé d’au moins 10 fois le volume de réduction des GES imputable aux effets de ses mesures environnementales. Alors que la version 2009 de ce rapport affirmait pourvoir réduire de 52 mégatonnes (Mt) les émissions de GES en 2010, la nouvelle évaluation prévoit que seulement 5 Mt seront soustraites cette année. Les résultats attendus pour 2012 passent de 72 à 10 Mt. Le Canada devrait donc dépasser de 34,9 % les objectifs du protocole de Kyoto en 2012.

Après le Sommet de Cancun, en décembre, la prochaine étape sera la conférence « Rio+20 » aura lieu à Rio de Janeiro en 2012. 10 ans après le sommet de la terre de Johannesburg et 20 ans après celui de Rio de 1992, plusieurs souhaitent y voir créer une Organisation mondiale de l’environnement.