La pollinisation des cultures, la photosynthèse, la formation des sols … Comment accorder une valeur économique aux services fournis par la nature ? Divers ouvrages et études scientifiques avancent l’idée que la valeur économique de la nature va devenir un enjeu de plus en plus important
L’auteure Gretchen Daily, de l’Université de Stanford, a co-écrit « The New Economy of Nature », une étude qui montre comment différentes organisations ont utilisé la nature pour réaliser des économies. Elle explique par exemple comment la ville de New-York a décidé de préserver plus de 5000 km2 de ses approvisionnements en eau de surface plutôt que de recycler les eaux usées. Le traitement des eaux, avec le coût des installations mécaniques de filtration, aurait coûté quatre fois plus cher que la conservation naturelle des eaux de surface. Celle-ci passe par les services naturels offerts par la nature, comme la filtration, le contrôle de l’érosion et la régulation du niveau de l’eau.
Claire Kremen, professeur à l’Université de Californie, étudie les relations entre les pratiques agricoles, les abeilles sauvages et leur pollinisation des cultures dans le Nord de la Californie. L’équipe de chercheurs qu’elle dirige a déjà trouvé que les colonies d’abeilles sauvages pourraient poloniser davantage si elles s’établissaient à proximité des cultures au lieu d’être chassées par les pesticides. L’équipe de Kremen récolte également des données sur les fleurs et les autres ressources dont les abeilles ont besoin pour vivre. Ils utiliseront ces informations pour restaurer leur habitat naturel, réaménager des fermes de façon à préserver ces abeilles sauvages, et promouvoir les services de pollinisation qu’elles fournissent. Les estimations de la valeur économique de la pollinisation se chiffreraient à plus de 10 milliards de dollars.
Ces deux exemples illustrent bien la notion de « Natural Capital » ou capital naturel, lorsque les processus biologiques sont quantifiés et associés à une valeur monétaire, et sont intégrées aux politiques des entreprises et des états. Cette notion est particulièrement bien développée dans l’ouvrage “Natural Capitalism,” des auteurs Paul Hawken, Amory Lovins et L. Hunter Lovins. La thèse de ce courant est la suivante : les pratiques actuelles d’affaire assignent des valeurs à trois variantes, soit l’homme, la finance et la production de biens, en oubliant une quatrième variante, la nature. Le capital naturel correspond aux services rendus par les ressources, êtres vivants et écosystèmes de la planète.
Les initiatives pour la reconnaissance de ce capital sont de plus en plus nombreuses. Le Programme des Nations unies pour l’environnement, à travers le programme The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB), a produit un rapport destiné aux décideurs politiques en Novembre dernier, qui fait office de trousse à outils pour ceux qui cherchent à intégrer la préservation du capital naturel aux politiques publiques. Les chefs d’entreprise pourront obtenir un rapport similaire en juin prochain. Ce document donnera des recommandations pratiques sur la gestion de risques, la prévention des dommages, l’identification des nouveaux marchés et le partage d’information sur le capital naturel.
En plus de ces efforts, ajoutons l’exemple de la collaboration innovante entre la Biomimicry Guild et la firme d’architectes HOK. Les deux organisations sont en train de développer un système de standards écologiques dans la construction, qui est basé directement sur la viabilité des écosystèmes. Plutôt que de mesurer les impacts sur l’environnement, comme la contamination des sols, les critères seront fondés sur les services que le milieu naturel aura fournis dans la construction, comme la quantité d’eau stockée ou de carbone séquestré.
“ When cities and ecosystems are functionally indistinguishable, that’s when we will have truly mimicked at an ecosystem level. That’s when we will be a welcome species. ” conclut Janine Benyus, la fondatrice de la Biomimicry Guild.
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