Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
L’émission d’obligations pour le climat
Le marché des obligations va bientôt offrir un ensemble de produits obligataires dont les objectifs seront de canaliser du capital dans la lutte aux changements climatiques. Lors du Sommet de Copenhague, un consensus a été établi sur la nécessité de mobiliser 100 milliards $ annuellement, d’ici 2020, afin de limiter à 2°C la hausse des températures dans les prochaines décennies. Des pays travaillent déjà sur de nouvelles règles réglementaires qui imposeront aux fonds de pension de détenir un certain pourcentage de leurs actifs en « obligation climatique », comme pour les « Obligations de la Victoire » pendant la guerre. Des institutions financières et des gouvernements ont déjà pris des initiatives en ce sens : la Banque mondiale, le gouvernement des États-Unis et la Triodos Bank, par exemple.
« Once climate bonds are in the benchmark, mainstream asset managers will be required to explain to their stakeholders why they have not invested in them, rather than the situation today, which is needing to explain why they have bought them as an off-benchmark investment. »
Comment les investisseurs doivent répondre au désastre de BP
Les investisseurs, et en particulier ceux de la finance responsable, ont des responsabilités sur les conséquences des activités des entreprises qu’ils financent. Dans leur propre intérêt, ou dans celui des personnes dont ils sont les fiduciaires, ils doivent chercher à bien mesurer les risques financiers de leurs investissements ou leurs placements. C’est la raison pour laquelle les financiers responsables investissaient davantage dans BP, cette entreprise ayant été pendant plusieurs années un précurseur de la lutte aux changements climatiques avec une stratégie active d’investissement dans les énergies propres, qui s’est cependant émoussée dans les dernières années.
Aujourd’hui, l’action de BP s’effondre et l’entreprise fait même face à la faillite. Faute d’être plus pointilleux et cohérents dans leurs analyses de titres, les financiers responsables se font floués par une pétrolière qui, aux États-Unis, accumulaient les poursuites pour le non respect de la réglementation. S’il y a faillite, les gagnants seront les « criminels » de l’industrie pétrolière, qui pourront racheter à rabais les actifs de BP, libérés des milliards en poursuites – qu’on estime à 40 milliards $ – du gouvernement et des centaines de milliers de résidents touchés. On ne parle même pas, ici, des dégâts aux pays limitrophes – Mexique et Cuba – ni des impacts écologiques impossibles à évaluer. Les acteurs de la finance responsable devront se questionner sur leurs pratiques passées et comment elles peuvent contribuer à changer les pratiques des entreprises. Mais plus fondamentalement, comment elles peuvent transformer notre modèle de développement insoutenable.
Les parlementaires britanniques, qui d’un côté veulent protéger BP de la faillite, veulent d’un autre côté exiger que les fonds de pension soient soumis à des règles de reddition de compte plus sévères quant à la divulgation des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Dans la mesure où 14 % de tous les dividendes versés à la bourse du FTSE 100 l’ont été par BP, on comprend que la baisse de près de 50 % du titre et l’éventualité de la faillite de cette pétrolière aient des conséquences majeures pour tous les investisseurs institutionnels. Comment éviter de tels événements ? Une partie de la réponse passe par une triple reddition de compte des entreprises.
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