L’auteur invité est Jean-Martin Aussant, député de Nicolet-Yamaska
Parlons dette publique. Ça y est, vous êtes sans doute aussi excités que moi. Quel sujet palpitant qui fait rêver les nations… N’empêche qu’il faut y voir et surtout il faut remettre les choses en perspective suite à plusieurs interventions médiatisées des dernières semaines.
Tout d’abord, le Québec est-il en faillite ? Bien sûr que non. Le Québec n’est pas en faillite malgré qu’il faille mettre un frein au plus vite à la gestion catastrophique des finances publiques du gouvernement Charest. Et qu’on ne me taxe pas de partisanerie : le Vérificateur général du Québec lui-même a confirmé en commission parlementaire que le budget de l’état a été en déficit structurel chaque année sous le Parti Libéral du Québec.
Entre d’autres termes, le gouvernement dépense plus qu’il n’a de revenus. Et les chiffres sont très éloquents. Dans toute l’Histoire du Québec, jamais un premier ministre n’aura autant endetté le Québec que Jean Charest avec plus de 40 milliards additionnels depuis son arrivée au pouvoir. Tout simplement sidérant. Il faut donc s’attaquer à ce problème au plus vite puisque oui, si on ne fait rien, les prochaines générations devront payer pour nos dépenses courantes, celles qui ne laissent aucun actif durable.
Ceci dit, quand on voit dans les médias une soi-disant recherche sérieuse qui place le Québec tout près de la Grèce au sein des nations endettées, je suggère qu’on se calme et qu’on réfléchisse un peu plus loin que la « une » qui vise à vendre des copies. Le Québec n’est pas plus endetté que la moyenne des pays de l’OCDE, le regroupement des pays riches et développés.
D’ailleurs les marchés obligataires, qui sont le meilleur baromètre de la santé financière des gouvernements sur la planète à travers le prix qu’ils exigent pour prêter aux États, ne montrent absolument pas de panique en ce qui a trait au Québec. Il en va autrement pour la Grèce, dont les prix d’emprunt reflètent effectivement sa situation fiscale périlleuse. Pourquoi alors semble-t-il y avoir ces jours-ci une certaine exagération dès qu’on parle de la dette au Québec ?
On peut dire que ça sert très bien le gouvernement en place, à qui l’on doit l’essentiel de ce fiasco, et qui tentera au cours des prochains mois de faire avaler des hausses de taxes et de tarifs à la population québécoise. Quoi de mieux alors que d’avoir en parallèle des « études » qui démontrent que nous sommes au bord du précipice et que la fin du monde nous attend si on ne procède pas à ces augmentations de revenus au moyen de nouvelles taxes…
De plus, quand le gouvernement commande une étude à son ministère des finances ou à des économistes externes, il est rare que ces études le mettent dans le pétrin si vous voyez ce que je veux dire. Surtout quand lesdits économistes voient leur chaire de recherche être généreusement financées par le même gouvernement. Fin de l’argument.
Mais il y a aussi clairement un élément de mauvaise foi fédéraliste dans tout cela et ce, sans tomber dans la théorie du complot. Ceux qui pensent que le Québec doit demeurer une simple province folklorique dans un pays majoritairement anglo-saxon n’ont aucune hésitation à répéter sans cesse que nous sommes trop endettés ou trop pauvres pour le projet souverainiste.
Ce discours pleutre, défaitiste et pernicieux n’est pas nouveau. Qu’on m’amène tous ceux qui pensent que rien ne va plus au Québec et que la pente ne sera que descendante. Je leur montrerai qu’au contraire nous avons toutes les raisons d’être optimistes et que le Québec fait partie des pays les plus choyés de la planète.
Sa souveraineté ne ferait que renforcer cet état de fait. Et elle viendra.
On trouve ce texte sur le site Vigile.net
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