Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.
Impacts sociaux
Dans le domaine du placement responsable, les fonds éthiques ont été nombreux à participer aux campagnes d’actionnaires portant sur des critères ESG (environnementaux, sociaux ou de gouvernance). Par exemple, la Société Fonds Éthiques a formulé une proposition à l’assemblée d’Enbridge demandant la prise en compte des préoccupations des Premières Nations et des peuples Métis à propos du trajet prévu pour les oléoducs et pétroliers du projet Northern Gateway, ce dernier pouvant avoir des répercussions sur un nombre considérable de territoires traditionnels autochtones en Colombie-Britannique et en Alberta. La campagne des divers acteurs du placement responsable au Canada a été largement appuyé par d’autres investisseurs institutionnels, puisque 32,5 % des actionnaires qui ont participé au vote ont voté pour la proposition, ce qui est généralement suffisant pour faire bouger les directions des entreprises visées par ce type de campagne.
Rémunération des dirigeants
Par ailleurs, le mécanisme de vote consultatif sur la rémunération des dirigeants est devenu un enjeu majeur de l’exercice 2009 des votes par procuration en Amérique du Nord. Un exemple intéressant est celui de l’entreprise allemande SolarWorld, spécialisée dans le secteur de l’énergie solaire active (l’entreprise commercialise des cellules de silicium utilisées pour la production d’électricité solaire photovoltaïque). La Société Fonds Éthiques a appuyé le conseil de surveillance et le conseil d’administration de SolarWorld dans leur proposition visant à plafonner la rémunération des dirigeants à un maximum de 20 fois la moyenne salariale des employés. Selon le dossier de Fonds Éthiques, le ratio des sommes versées aux présidents-directeurs généraux à celles touchées par le salarié moyen approchait le 120:1 aux États-Unis, contre 21:1 en Allemagne.
Dans ce domaine, l’administration Obama a proposé deux mesures législatives qui devraient permettre de faciliter l’action des acteurs de la finance responsable. La première législation fait suite à une directive émise par le Secrétaire étasunien aux Trésors, Timothy Geithner. Elle donne au « SEC [l’autorité de surveillance des institutions financières] authority to require companies to give shareholders a non-binding vote on executive compensation packages ». La seconde législation donne au même organisme « the power to ensure that compensation committees are more independent, adhering to standards similar to those in place for audit committees as part of the Sarbanes-Oxley Act ». Dans sa directive, le Secrétaire Geithner affirme que, « many leaders in the financial sector have acknowledged the problems posed by past compensation schemes, and have already begun implementing reforms. But we have more to do to address this challenge, and we look forward to continuing this conversation with a wide range of stakeholders in the weeks and months ahead ».
Risques d’investissements nuisibles
L’organisation non gouvernementale belge NetWerk a mis en ligne un outil permettant aux épargnants de vérifier la responsabilité sociale des grandes institutions financières. Malheureusement pour nous, elle donne accès à un nombre encore très restreint d’entreprises, et essentiellement celles qui sont présentes en Belgique. Mais il est intéressant de voir que, des neuf institutions classées selon leurs « risques d’investissements nuisibles », seule l’institution de la finance solidaire Triodos Bank est classée avec des risques faibles. Pour les autres, ils sont soit élevés ou très élevés.
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