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Le samedi 23 avril 2022

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Les pétrolières sont derrière le mouvement réactionnaire aux États-Unis

Au Québec nous nous insurgeons, à raison, contre la corruption dans le milieu de la construction et des travaux de génie, contre le financement du PLQ par les entreprises ou contre les trafics d’influence dans la nomination des juges. Si nous ne réagissons pas rapidement, si nous ne parvenons pas à imposer une vaste commission d’enquête pour faire toute la lumière sur la corruption qui semble s’étendre dans la vie politique québécoise, c’est la situation étatsunienne qui risque de se produire ici même.

Malgré le fait que la population des Etats-Unis est très majoritairement en faveur de mesures musclées contre les pétrolières en général, et contre BP en particulier, l’administration Obama ne parvient néanmoins pas à imposer son agenda.

Par exemple, selon un sondage récent (8 juin) CNN/Opinion Research Corp, 34 % des répondants étaient fortement et 17 % moyennement opposés à l’exploitation de nouveaux puits de pétrole offshore dans les eaux étatsuniennes, 58 % approuvaient le moratoire de six mois de l’administration pour l’exploitation de nouveaux puits, 68 % pour l’accroissement de la réglementation publique dans ce secteur et 72 % étaient en accord avec la stratégie de l’administration visant à développer des énergies alternatives aux énergies fossiles.

Pourtant, les stratégies de l’administration sont bloquées. Les Républicains font de l’obstruction systématique pour toutes les réformes, en particulier celles touchant l’énergie. Une vaste campagne de propagande, relayée par les médias de droite et les nombreux think tanks conservateurs, annoncent une catastrophe imminente pour les États-Unis si la réforme sur l’énergie propre est promulguée.

Mais l’un des sénateurs républicains les plus agressifs dans ces attaques contre l’administration, Mitch McConnell, a été largement financé par l’industrie pétrolière. Joe Barton, un représentant républicain du Texas, qui absous totalement BP pour le pire désastre écologique des Etats-Unis, rejette pour sa part les responsabilités sur l’administration Obama et l’accuse de mettre en danger l’industrie pétrolière ! Or, on découvre qu’il est celui qui a reçu les plus grandes contributions de l’industrie pétrolière – 1,5 million $ – et que l’un de ses contributeurs, Anadarko Petrolium, détient 25 % des parts de Macondo Prospect, le site de Deepwater Horizon où s’est produit l’incident du Golfe du Mexique…

Par ailleurs, on découvre que le juge qui a défié l’administration Obama, en rendant un jugement invalidant le moratoire de six mois contre de nouveaux puits offshore, avaient des actifs importants dans plusieurs entreprises liées au secteur pétrolier, actifs dont il s’est rapidement débarrassé peu de temps après que la cause ait été déposée en cour.

Les milliards de dollars que les entreprises du secteur de l’énergie sale injectent dans « l’économie de l’opinion » – publicité, médias, think tanks, mouvements de pression, partis politiques –, pour la défense du statu quo, alors que l’économie réelle exige plutôt une transformation en profondeur, créent dans les faits les bases d’un mouvement réactionnaire qui met la démocratie étatsunienne en danger.

L’exemple du mouvement du tea party est symptomatique de ce dérapage réactionnaire. L’un des leaders de ce mouvement, Randy Brogdon, sénateur républicain bien placé pour conquérir le poste de gouverneur de l’État de l’Oklahoma, aurait déclaré que le déversement de pétrole dans le Golfe du Mexique serait le « perfect example of why government should never be involved in the private sector », ajoutant que la réglementation publique empirait le problème : « Government is not the solution. It’s the problem. The more government tries to get in and regulate the free market, the worse things become. »

Dernier exemple: alors qu’on voit apparaître dans les milieux religieux étatsuniens, qui constitue la base la plus solide de la droite, un courant de plus en plus important de personnes préoccupées par l’origine anthropogénique du réchauffement climatique, des groupes d’intérêt et des politiciens liés à l’industrie de l’énergie sale – pétrole et charbon – ont généreusement financé la Cornwall Alliance, un groupe évangélique négationniste qui rejette les évidences scientifiques concernant le rôle de l’activité humaine sur les changements climatiques. C’est ce groupe qui a lancé la campagne obscurantiste « Resisting the Green Dragon » qui diabolise le mouvement écologiste et qui présente le réchauffement climatique comme « a Biblical response to one of the greatest deceptions of our day. »

La bêtise humaine n’a aucune limite et peut conduire aux pires excès.

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