L’auteur invité est Frédéric Perron
Les pétrolières ont-elles leur place dans le portefeuille des fonds socialement responsables ?
La question a suscité de vifs débats dans le cadre du Congrès canadien sur l’investissement responsable, qui se tenait récemment à Toronto.
La plupart des fonds éthiques (aussi appelés fonds socialement responsables) ont des actions des pétrolières dans leur portefeuille. Or, ces entreprises exploitent des gisements très polluants ou à haut risque comme les sables bitumineux de l’Alberta et les fonds marins du golfe du Mexique.
«Nous semblons vivre dans un monde fantaisiste où l’exploitation des sables bitumineux sera un jour un investissement responsable», a lancé Christy Ferguson, coordonnatrice des compagnes sur le climat et l’énergie pour Greenpeace Canada, dans le cadre d’une discussion animée par des représentants de Desjardins et de Placements NordOuest et Éthiques.
«C’est troublant de vous entendre dire qu’on devrait investir autant de temps, d’argent, d’énergie et de recherche dans cette horrible industrie qui ne sera probablement jamais acceptable, a poursuivi Mme Ferguson. Nous connaissons déjà des formes d’énergie propres qui devraient répondre à nos besoins. C’est là que nous devrions investir.»
Dialogue ou désinvestissement ?
Face à des entreprises jugées irresponsables, les fonds éthiques ont deux choix: dialoguer avec elles pour les encourager à changer leurs pratiques ou cesser d’y investir.
La première approche est nettement privilégiée. «On ne peut pas changer une entreprise qui ne nous appartient pas. C’est presque devenu notre mantra», affirme Jennifer Coulson, responsable du programme d’activisme actionnarial pour Placements NordOuest et Éthiques, une copropriété des credit unions des provinces canadiennes et de Desjardins.
Le titre de Suncor Énergies, une entreprise qui exploite des sables bitumineux en Alberta, est le deuxième en importance dans le portefeuille du Fonds croissance de Placements NordOuest et Éthiques. Selon Mme Coulson, Suncor Énergies a déployé des efforts considérables pour améliorer ses pratiques environnementales. Par exemple, elle a développé un nouveau procédé qui pourrait faire passer la période avant laquelle les bassins à résidus peuvent être remis en état de 30 à 10 ans.
«Nous discutons avec les compagnies, mais ça ne suffit pas, avoue cependant Mme Coulson. La réglementation doit aussi être resserrée et nous faisons des représentations auprès des gouvernements à ce sujet.»
Selon Rosalie Vendette, conseillère en investissement responsable chez Desjardins, les gestionnaires de fonds communs d’actions canadiennes n’ont d’autres choix que d’investir dans les pétrolières, qui occupent une place majeure dans l’indice S&P/TSX de la bourse de Toronto.
« La taille des compagnies qui développent des énergies propres ne correspond pas à nos besoins en termes de composition de portefeuille », dit-elle. Toutefois, la division Desjardins Capital de risque investit dans ce type d’entreprise.
Le cas BP
L’entreprise BP, responsable d’une marée noire sans précédent dans le golfe du Mexique, a aussi généré de vives discussions. En effet, plusieurs fonds éthiques sont actionnaires de la compagnie britannique.
« Avant la catastrophe qu’on connaît, BP était considérée comme ayant d’excellentes pratiques en matières de santé, de sécurité et d’environnement. Nous devrons peut-être revoir nos critères d’évaluation », reconnaît Lisa Hayles, responsable du service à la clientèle en Amérique du Nord pour EIRIS, une société de recherche sur les pratiques environnementales et sociales des entreprises.
Vancity Investment Management est l’une des rares firmes d’investissement responsable à avoir vendu ses parts de BP peu de temps après la catastrophe. «Nous en sommes venus à la conclusion que BP minimisait le débit de la fuite et présentait mal le risque aux investisseurs», explique Dermot Foley, analyste stratégique pour Vancity.
On peut lire ce texte sur le site de Protégez-vous
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