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Le samedi 23 avril 2022

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Une conjoncture économique incertaine

Ne serait-ce qu’en raison des plans de rigueur adoptés par tous les pays européens, on ne peut qu’être craintif sur la conjoncture économique actuelle, du moins en ce qui concerne les « pays développés ». L’austérité généralisée en Europe risque en effet de tuer dans l’œuf la timide reprise qui semblait émerger au premier trimestre, en pesant négativement sur la demande interne au point de nous replonger dans la récession.

Selon un rapport récent de la Banque centrale européenne (BCE), le taux de chômage devrait rester élevé dans la zone euro. L’atteinte de la barre du 10 % en mai 2010 s’est traduite par la perte de 3,9 millions d’emplois en deux ans. La BCE relève que des emplois perdus dans certains secteurs très touchés par la crise ont peut-être disparus à jamais, comme dans le bâtiment et l’industrie lourde. La situation est particulièrement préoccupante pour les jeunes, avec un taux de chômage de 20 % pour l’ensemble de la zone euro en avril, et des pointes à 40 % en Espagne et près de 30 % en Italie et en Irlande, note le rapport de la BCE.

En France, l’emploi salarié a reculé de 1,5 % en 2009, pour atteindre un niveau jamais observé depuis l’après-guerre. C’est 256 100 postes de travail qui ont été perdus, portant à 16,3 millions le nombre de chômeurs. Le secteur industriel, qui concentre 19 % des salariés français, a été le plus touché avec un recul de 5,2 %. Le secteur tertiaire, qui représente 71,9 % de la population salariée totale, a enregistré une baisse de 0,4 %. Seuls les emplois précaires s’inscrivent en hausse (+ 1,5 %). Les prévisionnistes font donc des prévisions assez moroses concernant les scénarios de reprise par l’emploi et la consommation des ménages.

Aux États-Unis ce n’est guère mieux. Confrontée à de nouvelles inquiétudes sur la croissance, la banque centrale (Fed) a annoncé la relance de certaines mesures de soutien à l’économie, en réactivant un dispositif de mesures interrompues entre l’automne et le printemps pour relancer le crédit. Concrètement, la Fed va réinjecter de la monnaie dans l’économie en achetant des titres de dette de l’Etat fédéral (bons du Trésor). Avec des pressions inflationnistes particulièrement faibles, le scénario d’une période déflationniste n’est plus à écarter du revers de la main. La Réserve fédérale a fait un constat macroéconomique négatif en observant que le rythme de la reprise avait ralenti dans les derniers mois et que la croissance serait « probablement plus modeste à court terme qu’anticipé ». Mais selon un spécialiste, même si la Fed réinjectait des sommes gigantesques dans le système bancaire, le vrai problème réside dans le fait que les établissements sont soit réticents soit incapables de trouver de nombreux prêts intéressants dû au manque de confiance des entreprises et des consommateurs.

Dans l’immobilier ça ne va guère beaucoup mieux. L’organisme parapublic de prêts hypothécaires Freddie Mac a annoncé qu’il avait encore accusé une lourde perte au second trimestre, à 4,7 milliards de dollars, pour un chiffre d’affaires en baisse de 2,7% à 4,1 milliards de dollars ! Les taux hypothécaires sont au plus bas, mais trop de personnes sont sans emploi ou à temps partiel pour profiter de l’occasion. L’administration Obama a été plutôt obligée de rallonger 3 milliards $ dans des programmes pour aider les chômeurs à poursuivre leurs paiements hypothécaires !

Pour couronner le tout, de façon inattendue, le déficit commercial des Etats-Unis s’est accru de 19 % en juin, annonçant une tenue beaucoup moins vigoureuse que prévue de l’économie étatsunienne.

En comparaison, la situation canadienne semblait jusqu’à maintenant nous maintenir dans un monde parallèle. Or, les données les plus récentes indiquent bien que nous vivons sur la même planète. En juillet, le marché du travail s’est avéré moins solide que prévu. Ce qui est le plus préoccupant est de constater le remplacement de 139 000 emplois à temps plein par 129 700 emplois à temps partiel. Au net, la situation ne semble pas catastrophique, avec une perte de 10 000 emplois. Mais en termes de nombre d’heures travaillées, on assiste à une baisse drastique.

Au Québec, la baisse notable de l’emploi total (une perte de près de 21 000 postes), au moins cinq fois plus élevée que le modeste repli de la population active, fait que le nombre de personnes en chômage monte sensiblement en juillet et, dans la foulée, le taux de chômage repasse au-dessus de la barre de 8 %. Il s’agit d’une troisième diminution mensuelle de la population active en 2010, mais d’une deuxième quant à l’emploi total, due essentiellement à la chute de l’emploi à temps plein (- 65 800), plus importante que la deuxième hausse consécutive, et assez significative, de l’emploi à temps partiel (+ 44 800).

Il n’y a donc pas lieu de pavoiser sur la reprise de l’économie mondiale. Si l’emploi ne s’améliore pas dans les prochains mois, les risques de rechute des pays de l’OCDE seront particulièrement élevés.

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