Depuis l’automne passé, de nombreuses comparaisons ont été faites entre la crise actuelle et la dépression des années 1930. Maintenant que les marchés boursiers sont repartis à la hausse et qu’ils reprennent ainsi toute l’attention de nos journalistes économiques, la comparaison ne semble plus faire recette.
Pourtant ces comparaisons sont toujours pertinentes pour mieux comprendre la situation actuelle. Deux économistes (l’un de l’Université de Berkeley et l’autre de l’Université de Dublin) ont ainsi produit une excellente étude qui permet une comparaison précise et factuelle entre les deux crises. Contrairement à d’autres études similaires, leurs données ne se limitent pas à la seule économie des États-Unis. Faisant en effet l’hypothèse que cette limitation conduisait à une sous-estimation importante de la crise actuelle, ils ont plutôt établi leur comparaison en utilisant les chiffres de l’économie mondiale. Les résultats sont assez concluants.
La comparaison statistique porte sur les 12 premiers mois des deux crises, débutant respectivement en juin 1929 et en avril 2008. Les nombreux graphiques produits par les chercheurs démontrent clairement que les conséquences de la crise financière de 2008 ont été beaucoup plus importantes qu’elles ont pu l’être en 1929. Même si la production mondiale pendant les deux périodes a connu une chute quasiment identique, l’effondrement des marchés boursiers et du volume du commerce international ont été, de façon très significative, plus graves en 2008 qu’en 1929.
Si les gouvernements actuels avaient agi de façon aussi stupide que dans les années 1930, autrement dit si Stephen Harper avait été majoritaire et qu’il avait eu des clones dans les autres pays du monde, nous serions aujourd’hui au début d’une longue et douloureuse dépression. Heureusement, comme le montre aussi les deux chercheurs dans leur étude, la différence majeure entre les deux périodes se retrouve au niveau de la réaction rapide et massive des autorités publiques en 2008. Sans la baisse drastique des taux d’intérêt et l’injection massive de liquidité de la part des banques centrales, on peu dire sans trop de risque de se tromper que le libéralisme débridé des dernières années, qui a conduit à la folie spéculative des milieux financiers, nous auraient conduit tout droit à la catastrophe, avec des coûts humains et sociaux énormes. Jusqu’à maintenant, le pire a ainsi été évité.
Mais rien n’est acquis définitivement. Pour les prochains trimestres, tout repose sur les impacts effectifs des plans de relance budgétaires des gouvernements. Alors que les médias semblent avoir passé à autre chose, il faut rester vigilant et se rappeler que lors de la crise de 1929, le plongeon avait duré 3 ans et que la reprise qui avait suivi (tirée par les dépenses en grands travaux de l’Administration Roosevelt) s’était brusquement terminée après deux ans en raison de l’acharnement des Républicains à bloquer le plan de relance et les réformes du New Deal (voir autre texte paru aujourd’hui).
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