Nous savons le rôle que joue la finance dans la vie quotidienne, et en particulier dans les processus de prise de décision des entreprises. Dans les deux dernières décennies, ce rôle a plutôt été néfaste. Depuis peu, cependant, les acteurs du mouvement de la finance responsable commencent à faire en sorte que la protection des valeurs monétaires ne se fassent plus aux dépends des valeurs sociales des épargnants.

Réforme de la réglementation financière aux Etats-Unis – le Dodd-Frank Bill est voté

La plus importante réforme bancaire et financière depuis la Grande Dépression des années 30 a été adoptée jeudi 15 juillet par le Congrès des États-Unis après un vote du Sénat américain par 60 voix contre 39. L’atteinte des 60 voix au Sénat est le minimum requis pour éviter la stratégie d’obstruction systématique des Républicains. La Chambre des représentants avait déjà approuvé le même projet de loi le 30 juin, par 237 voix contre 192. La loi prévoit :
• de nouvelles règles de protection du consommateur grâce à la création du Consumer Financial Protection Bureau;
• de nouveaux pouvoir de régulation pour décider du sort des sociétés financières en difficulté, dont l’obligation pour les plus grandes institutions de fournir un « testament » facilitant leur mise en faillite;
• des limites à toute une série d’activités spéculatives jugées risquées, dont celle d’être transigées sur des marchés réglementés, ce qui devrait les rendre moins profitables;
• d’imposer la « règle de Volcker », du nom du conseiller économique de M. Obama, Paul Volcker, dont l’idée est de détourner les banques commerciales de prendre des risques dans des produits spéculatifs pour qu’elles se concentrent sur leurs activités de prêt.

Toutefois, la réforme a été édulcorée par des compromis de dernière minute. Ainsi, les banques commerciales pourront par exemple continuer à vendre certains produits spéculatifs. Et, pour la plupart des mesures citées, elles doivent d’abord faire l’objet de commissions d’étude, donc soumises à l’influence du puissant lobby de la finance.

Le régime de retraite Bâtirente atteint ses objectifs de responsabilisation des entreprises

Les campagnes d’engagement actionnarial du régime de retraite Bâtirente, mis sur pied à l’initiative de la CSN, atteint plusieurs objectifs de responsabilisation sociale des entreprises de son portefeuille de placement. Par exemple, la société pétrolière Talisman a publié un rapport d’experts produit pour son compte, à la demande de Bâtirente et du Regroupement pour la responsabilité sociale des entreprises (le RRSE est constitué principalement de communautés religieuses), à propos des avantages et des défis que comporterait une politique requérant l’obtention du consentement des peuples autochtones touchés, avant le démarrage de ses projets d’exploration ou d’exploitation. Bâtirente et le RRSE ont favorablement accueilli ce rapport qui s’inscrit dans l’esprit de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Toujours dans le domaine des ressources, suite à des représentations de Bâtirente, le producteur de cuivre Anvil Mining est devenu signataire de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE/EITI).

Par ailleurs, le réseau d’épicier Métro a récemment annoncé l’adoption d’une politique selon laquelle tous les produits de la mer offerts à ses clients, qu’ils soient sauvages ou d’élevage, frais ou surgelés, devront être issus de pratiques de pêcherie durables. Cette politique sera déployée progressivement à compter de septembre 2010 et mise en place dans tous ses supermarchés et marchés d’escompte du Québec et de l’Ontario en juin 2011. Depuis plusieurs années, Bâtirente a engagé avec Métro un dialogue constructif afin que cette société adopte des politiques de commercialisation axées sur le développement durable.