Il s’agit d’un enjeu fondamental pour le Québec. Les décisions à prendre sur cette question et d’autres qui lui sont liées (l’exploitation du pétrole) auront des conséquences pour les générations à venir. L’action gouvernementale est vraiment mal partie, mais le débat public, lui, est tout ce qu’il y a de plus intéressant.
Ce dont nous avons affaire ici, ce n’est pas un nouveau scandale politique comme nous a habitué ce gouvernement depuis la funeste année 2003. Ce qui est vraiment en jeu, derrière cette nième arnaque d’un gouvernement corrompu, c’est l’affrontement politique entre une volonté populaire croissante pour un nouveau modèle de développement, plus respectueux de l’environnement mais aussi davantage recentré sur les intérêts des citoyens, contre ce qui apparaît de plus en plus comme les deux plus grandes forces économiques et politiques qui représentent le vent de la réaction qui souffle sur l’Amérique du Nord : l’argent et l’énergie sale. Les lobbies des secteurs de la finance et des énergies fossiles sont prêts à tout pour continuer à profiter du modèle de développement insoutenable mis en place depuis 30 ans, y compris par la corruption des gouvernements et par le financement de mouvements réactionnaires, dont l’Institut économique de Montréal au Québec et le Tea Party aux États-Unis.
Le conflit autour de l’exploitation du gaz de schiste va obliger tous les acteurs sociaux québécois à se positionner sur ces enjeux. Avant de prendre position servile, comme vient de le faire la présidente de la FCCQ, Françoise Bertrand, qui dit approuver la démarche gouvernementale visant l’encadrement du secteur gazier, jugeant qu’il s’agit « d’une façon durable et responsable d’assurer le développement économique de la province », les acteurs du milieu des affaires devraient y réfléchir à deux fois, parce qu’ils vont perdre le peu de crédibilité qui leur restait. Car ce qui en train de devenir le scandale du gaz de schiste ne peut être que la dernière illustration de la corruption du parti de M. Charest.
Contrairement au scandale de la « filière libérale de la construction », qui se limite à des détournements de fonds publics, celui du gaz de schiste pose la question de l’intérêt général du Québec pour des générations à venir. Dans son texte du Devoir du 3 septembre, Antoine Robitaille révèle toute la magouille qui l’amène à parler de la « filière libérale des gaz de schiste ». Après les scandales étouffés dans les pertes de la Caisse de dépôt, dans les CPE et dans la construction, nous sommes en droit de nous demander si nous ne sommes pas actuellement dans une situation de pourrissement extrême d’un gouvernement, comme nous n’en avons pas vu au Québec depuis l’ère duplessiste.
Les déclarations de Drill Baby Normandeau, dixit Foglia, et du ministre de l’environnement sont assez claires pour comprendre que les choix du gouvernement sont faits et que, comme le dit Bernard Descôteaux, le gouvernement fait « prévaloir les intérêts de l’industrie. » Aux Etats-Unis, l’EPA (Environmental Protection Agency) avait déjà produit un rapport en 2004 qui concluait que l’exploitation du gaz de schiste par la méthode du fractionnement hydraulique ne posait pas de problème à l’environnement. Mais après qu’un employé de l’agence eu dénoncé les flagrants conflits d’intérêt avec l’industrie du gaz, l’EPA est obligé de reprendre son enquête. L’EPA devrait recommencer son travail au début de 2011, pour dévoiler ses résultats préliminaires en 2012.
Comme c’était le cas pour les Etats-Unis de 2004, sous la présidence Bush, le lobby de l’industrie du gaz est actif au sein même du gouvernement du Québec. Nous appuyons la chef du PQ qui réclame un moratoire, une étude de la part du Bureau d’audiences en environnement (BAPE) qui soit plus large que le mandat accordé, la mise en place d’une commission parlementaire sur l’indépendance énergétique, ainsi que l’adoption d’une loi encadrant les hydrocarbures. L’enjeu de l’exploitation des énergies fossiles au Québec (le gaz de schiste de la Vallée du Saint-Laurent mais aussi le pétrole sous le Golfe) doit devenir un enjeu électoral au cours duquel tous les partis devront faire connaître leur politique énergétique pour le Québec du XXIe siècle. On verra lesquels veulent vraiment que nous soyons « Maitres chez-nous » !
Les decisions collectives au Quebec cela n’existe pas. On est les rois de l’indécisions et des consultations à ne plus finir.Il s’agit ici d’un vote dans un enjeu mondial. Si le Quebec n’atteint pas une certaine autosuffisance au niveau du pétrole, notre (nouveau) déficit commercial de 8 Milliards actuel se transformera en 24 milliards selon les prévisions de la demande mondiale en 2020. C’est pourquoi ceux qui ont vu les études, incluant ceux du gouvernement britanique ou de l’Allemagne essaient d’éviter un débat politque à la CHUM le plus possible. En d’autre termes,on embarque à fond avec le plus de sagesse possible, ou on crève avec le pétrole à 220$ le baril dans 10 ans (quand la Chine l’Inde et tous les pays emergeants auront quintuplés leur consommation d’énergie, alors que on va atteindre en novembre 2010 le « Peak » de production potentiel du brut.
Quels sont les pricipaux enjeux environnementaux liés à l’exploitation des gaz de schistes ? Et aussi qui sont les acteurs sociaux impliqués dans le débat ?
Il me semble que cette ressource naturelle devrait appartenir à l’état, donc à tous les québécois, tout comme l’électricité déjà, via une socité distincte comme hydro-québec, qui est tout de même une fierté nationale… curieux que M. Caillé n’a pas invoqué cette voie intéressante…
pourquoi et en vertu de quel droit le gouvernement a-t-il pu accorder des concessions à l’entreprise privée?
dans le même ordre d’idée, il faudrait limiter pour une période de 5 ans (par exemple) le droit pour un politicien ou un haut fonctionnaire d’aller travailler dans l’entreprise privée, s’il y a possibilité de conflit d’intérêt
michel h de montréal