L’auteur invité est Steve Jefferys, directeur du Working Lives Research Institute en Angleterre.
En Angleterre, les Britanniques courbent l’échine face à la politique de rigueur qui taille dans le service public. Ils ont renoncé depuis longtemps à leur droit à un service public minimum.
Les Conservateurs britanniques au pouvoir depuis le 8 mai dernier, ont décidé de s’attaquer à la dette du secteur public (62% du PIB) en taillant dans les effectifs. D’ici 2012, 1/6 des emplois vont être détruits. Est-ce de la rhétorique pure « au nom de la rigueur » ou bien un plan bien précis pour redresser les comptes publics ? Ce mouvement de réduction d’effectifs (qui fait suite à plusieurs années d’embauche dans le service public sous le Gouvernement Blair), coïncide avec une privatisation des services publics.
Dénationalisation
L’argent de l’impôt destiné aux services publics de l’emploi, est en passe d’être attribué à des opérateurs privés, comme la chaîne de supermarché Tesco ! David Cameron, nouveau premier ministre, l’annonçait déjà en août 2009. Tesco obtient ainsi £30 millions (35 millions €) pour trouver des emplois à 60% du contingent de demandeurs d’emploi. Mais il n’y aura pas d’évaluation, ni de contrôle, pour savoir si 6 mois plus tard les personnes sont toujours employées.
Le gouvernement vient d’annoncer que le système de santé allait être « dénationalisé » d’ici 2014. Il restera gratuit pour tous « au point d’entrée », mais sera composé d’hôpitaux autogérés « NHS foundation trusts ».
Les Tories font une confiance aveugle au secteur privé. Au sein du gouvernement, seul un des ministres est passé par une école publique. Nous avons la caste dirigeante la plus élitiste de ces 40 dernières années ! Depuis les années Thatcher, les Tories ont cassé le lien entre le service public et la population. Les citoyens britanniques ne revendiquent aucun droit à un service minimum et d’intérêt général, encore moins à l’universalité de ces droits. Les syndicats ont beau se mobiliser, rien n’assure que les salaires et les retraites puissent être négociés sur une base nationale.
Faire des sacrifices
Cameron a emprunté le discours de Blair en faveur de l’argent, de la finance, agrémenté d’éléments de langage de la démocratie chrétienne. Il faut « être juste », « faire des sacrifices », car le secteur privé a déjà beaucoup souffert.
Mais la réalité est bien trop dure. Les trimestres de récession se succèdent les uns après les autres. Nous sommes dans un contexte d’appauvrissement général de la population, le marché du logement stagne, le chômage est fort (7,8%). Aussi cette logique de « dégraissement » est néfaste. L’Etat devrait dépenser de l’argent pour continuer à faire tourner les machines et sauvegarder des emplois, à l’instar de ce qui s’est fait en Allemagne avec le chômage partiel. Nous avons besoin d’avoir un Etat providence pendant cette crise économique.
Le plan Cameron dévoilé le 23 juin dernier prévoit également une hausse de la TVA et la réduction des allocations sociales. Par contre alliés aux conservateurs, les libéraux-démocrates obtiennent : une exemption des faibles revenus de l’impôt sur le revenu, 880 000 personnes sont concernées, une augmentation de 18% à 28% de l’impôt sur les plus-values du capital, pour rapprocher la fiscalité de l’épargne sur celle des revenus. Une mesure « juste et attentionnée » selon le gouvernement.
On peut lire ce texte, avec ses nombreuses références, sur le site de Metis, correspondances européennes du travail
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