Pour accélérer l’exploitation gazière au Québec, le gouvernement Charest a inscrit dans le budget 2009-2010 un congé de redevances de cinq ans aux compagnies gazières. Au nom de la création d’emplois, nous disent-ils ! J’en doute fort. Les impacts prévisibles de cette mesure étaient trop importants pour se justifier par une poignée d’emplois très spécialisés. Qu’on en juge.
« Dans le contexte économique actuel, le gouvernement agit afin de poursuivre les activités d’exploration et d’augmenter les possibilités d’une mise en production dans un avenir rapproché », peut-on lire dans un document de l’avant-dernier budget. « Pour ce faire, le gouvernement annonce la mise en place d’un congé de redevances de cinq ans pouvant atteindre 800 000$ par puits à l’égard de tout puits mis en production d’ici la fin de 2010. »
Or, le document révèle que c’est justement pendant les cinq premières années que les redevances sont le plus payantes pour le gouvernement. La durée de vie d’un puits est en moyenne de 20 ans et environ la moitié de sa production est réalisée au cours des cinq premières années. En conséquence, plus de 50 % des redevances sont versées dans les cinq premières années.
Ce qui amène Daniel Breton, du mouvement Maîtres chez nous 21e siècle (MCN21), à déclarer que « …le gouvernement donne des avantages historiques monumentaux en complicité avec l’entreprise privée aux compagnies gazières. De façon consciente, ils sont en train de donner nos ressources naturelles pour une bouchée de pain. »
Comme le souligne Josée Boileau dans un éditorial du Devoir, le gouvernement du Québec a tout simplement pris acte que « les compagnies privées se sont partagé le territoire dans l’espoir d’exploiter le gaz qui repose dans notre sous-sol et de se remplir les poches sans se ruiner en redevances. » Dans son texte, elle cite un extrait de la Stratégie énergétique du gouvernement, formulée en 2006 : « Il doit être clair qu’advenant des découvertes économiquement exploitables, le gouvernement respectera pleinement les règles du marché et de la libre entreprise. » Nulle part ne trouve-t-on un rappel à ce principe qui doit être fondamental dans l’exploitation des ressources non renouvelables d’une nation : que l’enrichissement qui en découle doit être collectif avant d’être individuel.
C’est plutôt le contraire qui est en train de se produire : voyant venir pour bientôt la fin du régime, les « amis » s’octroient des portes de sortie dorées sans aucune espèce de gène. Ce n’est pas le Québec qui est « prédisposé » à la corruption ; c’est ce régime fédéral qui est par essence « corruptible » parce qu’il est prêt à fermer les yeux, sinon à encourager, n’importe quelles pratiques, légales ou non, pour supposément combattre la légitime volonté d’indépendance des Québécois. Dans le Québec contemporain, la corruption systémique est la marque indélébile de la droite fédéraliste.
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