Pousser dans les câbles par la dénonciation croissante de la population des régions visés, dont plusieurs agriculteurs, le président de l’UPA, M. Lacasse, a dû ses défendre de ses prises de position face aux pratiques inacceptable de l’industrie du gaz. Devant la contestation maintenant généralisée, si on fait exception des milieux d’affaires, il a affirmé que l’UPA était dorénavant en faveur d’un moratoire.

Il était temps, puisque les complicités de l’UPA avec l’industrie commençaient à mettre à mal sa crédibilité dans la défense des intérêts des agriculteurs. Selon un communiqué de l’Union paysanne de la semaine dernière, l’UPA aurait appuyé les demandes des promoteurs gaziers dans plusieurs décisions rendues par la Commission de Protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) en 2009-2010 pour autoriser des forages gaziers.

L’UPA n’est évidemment pas la seule à avoir vu favorablement la découverte d’un potentiel québécois en gaz naturel, une source d’énergie déjà largement utilisée au Québec. Les découvertes importantes de gaz dans le sous-sol québécois, il y a à peine quelques années, promettaient en effet de voir des milliards de dollars rester au Québec plutôt de s’en aller vers l’Ouest canadien. En ce sens, l’entente entre l’UPA et Gaz Métro concernant le passage d’un pipeline pour le transport du gaz, n’est pas en soi condamnable. Mais lorsque les impacts environnementaux de l’exploitation des gaz de schiste ont commencé à être mieux documentés par les experts, il devenait urgent pour l’UPA de se positionner sur cette question. Ce n’est plus les intérêts de quelques agriculteurs désirant profiter de cette manne qu’il s’agit maintenant de protéger, mais l’intérêt général de la population.

Comme l’affirme l’Union paysanne, « l’UPA doit cesser de négocier à rabais et en cachette le territoire agricole comme s’il lui appartenait. Les gens des campagnes feront les frais d’un pacte déjà consommé dont ils seront les otages. »

La prise de position de l’UPA doit être ferme et sans appel. Si M. Lacasse croît vraiment que « le pire des scénarios dans ce dossier, c’est de permettre un développement effréné et anarchique », il doit cesser de jouer sur les deux tableaux et refuser toutes nouvelles ententes entre l’industrie et les agriculteurs tant que les Québécois n’auront pas fait un choix éclairé sur la question.