Le Parlement islandais – l’Althing -, par une courte majorité de 33 voix pour et 30 voix contre, a voté mardi 28 septembre en faveur de la poursuite en justice de l’ancien premier ministre Geir Haarde pour « négligence » à l’époque de l’effondrement du système financier du pays en octobre 2008. Le renvoi devant la Haute Cour de justice de l’ancien chef conservateur du gouvernement islandais, qui avait démissionné en janvier 2009, juste après la crise financière qui avait ébranlé les fondements des banques islandaises, risque de lui coûter jusqu’à un an de prison avec amende s’il est reconnu coupable de négligence.
Les Islandais, qui reprochent à l’ancien premier ministre de ne pas avoir pris la mesure de la crise suffisamment tôt, ce qui avait contraint le gouvernement à prendre le contrôle à la hâte des trois premières banques du pays, à court de liquidités, ont été nombreux à perdre leur emploi ou leurs économies dans la foulée de cette crise financière catastrophique pour le pays. M. Haarde paie en même temps pour le soutien inébranlable qu’il a apporté au gouverneur de la banque centrale de l’époque, David Oddsson, artisan de la libéralisation sauvage du secteur financier dans les années 1990.
Contrairement au Québec, où le gouvernement en poste bloque systématiquement toute possibilité d’enquête publique sur les pertes de la Caisse de dépôt ou sur la corruption dans l’industrie de la construction, après la crise du système bancaire islandais, le parlement a institué une Commission d’enquête spéciale. Le « rapport Vérité » qui en est découlé, publié en avril dernier, a permis de souligner l’extrême négligence des principaux dirigeants politiques et des banquiers de l’époque dans l’effondrement du système bancaire islandais. Par la suite, c’est une commission parlementaire qui a recommandé à la mi-septembre de mener des poursuites contre M. Haarde et trois de ses anciens ministres.
Les poursuites ne faisaient pas l’unanimité au parlement. L’actuelle chef du gouvernement islandais, la sociale-démocrate Jóhanna Sigurðardóttir, a voté contre le renvoi de Geir Haarde alors que le numéro deux du gouvernement, le ministre des finances, Steingrímur Jóhann Sigfússon, du parti GaucheVerts, a voté pour. Le Parlement a en revanche voté contre le renvoi devant la justice de trois anciens ministres de M. Haarde.
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