Les signes continuent à affluer, d’un peu partout, démontrant que le débat est loin d’être clos concernant le nécessaire besoin de changer de paradigme dans le domaine de la fiscalité. Malgré le discours encore trop dominant appelant à poursuivre les politiques libérales suicidaires de la diminution du fardeau fiscal des ménages, et de son corollaire du moins d’État, largement relayé par la presse, d’autres voix continuent à s’élever pour faire valoir plus de solidarité.
Par exemple, le milliardaire américain Warren Buffett, troisième fortune mondiale, a estimé récemment que les États-Unis devraient imposer davantage les plus riches. « On va avoir besoin d’environ 20 % du PIB pour financer tout ce qu’on croit avoir le droit d’avoir dans ce pays et personne ne va nous donner cet argent », a déclaré M. Buffett, invités à une conférence organisée par le magazine Fortune. Grâce aux réductions d’impôts accordées aux plus riches par le président George W. Bush, Warren Buffett affirme avoir été l’individu proportionnellement le moins imposé au sein de son propre bureau, moins par exemple que sa secrétaire et la femme de ménage.
C’est aussi ce que pensent les promoteurs de l’Initiative 1098 de l’État de Washington. Les électeurs de cet État pourront en effet, lors des élections de mi-mandat dans quelques jours, voter sur une proposition pour créer une taxe supplémentaire de 5 % pour les résidents dont le revenu individuel se situe entre 200 000 et 500 000 $ et de 9 % pour ceux avec des revenus supérieurs à 500 000 $. Les revenus de cette nouvelle taxe devrait permettre de financer les services d’éducation et de santé ainsi que de diminuer les taxes foncières et les impôts des PME.
Les dirigeants de Microsoft, Boeing et Amazon – qui sont massivement implantés dans cet État – font partis des opposants à la proposition 1098. Paul Allen co-fondateur de Microsoft a donné 100 000 $ à la campagne du NON. Par contre, Bill Gates a appuyé la campagne du OUI. Il faut savoir que l’État de Washington est celui où le système de taxation est le plus régressif. Un résident faisant partie du 20 % des citoyens les plus pauvres paie l’équivalent de 17,3 % de ses revenus en impôt et taxes, contre 12,7 % pour une personne faisant partie du quintile suivant et 2,9 % pour le quintile le plus élevé. Le gouverneur démocrate de l’État défie les plus riches d’expliquer comment l’État peut parvenir à une force de travail de « classe mondiale » si les plus riches ne veulent pas financer le système scolaire.
Pour terminer sur une note encourageante, un récent sondage publié vendredi 8 octobre révèle que les Français sont 71 % à souhaiter la suppression du bouclier fiscal. Rappelons que le bouclier fiscal permet aux plus riches contribuables de diminuer leur fardeau fiscal. Lors d’un précédent sondage effectué en septembre, les Français étaient 54 % à réclamer la suppression du bouclier fiscal. A l’inverse, 27 % y sont opposés, contre 37 % en septembre.
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