À quelques jours des élections étatsuniennes de mi-mandat, ça vaut la peine d’y jeter un coup d’œil critique pour sortir de cette insipide couverture médiatique de nos médias, qui mettent sur le même pied d’égalité le discours réactionnaire, délirant et démagogique des extrémistes du Tea Party et celui des Démocrates.
Au sein du Tea Party, on retrouve autant des ultra-libertaires, qui croient que les « efforts to address climate change are […] a conspiracy to impose world government and a sweeping redistribution of wealth », que des ultraconservateurs qui, à la suite des Rush Limbaugh, Glenn Beck, Sarah Palin, et autres « preachers », utilisent les enseignements de la Bible pour nier les impacts destructeurs des GES.
Les résultats de ces élections de mi-mandat vont avoir des effets négatifs non seulement sur la suite du mandat de l’administration Obama, et de ses projets de réforme, mais aussi sur plusieurs autres initiatives à impact social ou environnemental de nos voisins. Dans deux billets successifs, je vais aborder deux exemples symptomatiques de cette situation : aujourd’hui je me penche sur l’initiative du RGGI des États du Nord-Est et demain sur la proposition 23 de la Californie.
C’est en 2008 qu’a officiellement été lancé le Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI) qui regroupe 10 États du Nord-Est (Connecticut, Delaware, Maine, Maryland, Massachusetts, New Hampshire, New Jersey, New York, Rhode Island et Vermont). Le RGGI joue le rôle d’un marché régional du carbone (Cap-and-Trade), faute d’avoir une structure nord-américaine d’échange. Le principe est de plafonner l’émission totale de GES et d’allouer des quotas à chacun des États en fonction de leur poids relatif. Chaque année le plafond est réévalué, de manière à pouvoir graduellement diminuer la quantité de quotas disponibles. Pour la dimension « marché », les États les plus efficaces dans leurs efforts de réduction peuvent vendre les permis excédentaires aux États moins efficaces. Selon les analystes, le RGGI aurait déjà montré des bénéfices tangibles pour les États membres.
« Overall, there have been nine auctions held by RGGI since 2009, in which electric utilities and some investment firms have bought emissions allowances. And those auctions have raised some $729 million for a range of emissions-reduction and energy-efficiency programs — benefiting both homeowners and industrial users — as well as financing an occasional raid to balance a state’s general budget. »
Il faut dire qu’avant la mise en place du RGGI, ces États avaient été des pionniers de la lutte au réchauffement. Entre 2005 et 2008, par exemple, leurs émissions ont baissé de 17 %. Pourtant, malgré les résultats probants des économies d’énergie qui ont découlé de cette initiative, les candidats républicains de ces États se sont tous engagés (à l’exception du Vermont) à la saboter s’ils sont élus.
La plupart des candidats républicains aux postes de gouverneurs sont des négationnistes, ils nient la réalité des changements climatiques. « I just don’t know how severe it is and I’m not sure how much we as human beings contribute to it », déclare Paul LePage, candidat républicain au poste de gouverneur de l’État du Maine. « The skeptical side of me has increased », renchérit le candidat républicain au poste de gouverneur de l’État du Maryland, Robert Ehrlich. Le candidat le plus extrémiste est Carl Paladino, candidat au poste de gouverneur de New York qui fait la lutte au démocrate Andrew Cuomo. Mais les sondages lui accordent zéro chance de victoire. Face à ces négationnistes, les candidats démocrates se sont tous engagés à agir plus activement dans la lutte au réchauffement. Heureusement, selon les prévisions du NewYork Times, seul le candidat républicain du Maine aurait des chances d’accéder au poste de gouverneur.
Bonjour, excellent article. Sur le RGGI, ce ne sont pas les Etats qui traitent mais plutôt les compagnies productrices et/ou vendeuse d’électricité.
cdt