Les quelques 18 000 participants, qui représentaient les 193 Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) et leurs partenaires, ont clôturé le Sommet de Nagoya sur la biodiversité, le 29 octobre 2010, en adoptant des décisions historiques permettant à la communauté internationale de faire face au défi de la perte continue de la biodiversité, aggravée par les changements climatiques. Les représentants des 193 gouvernements – à l’exception notable des États-Unis qui n’ont jamais ratifié la CBD, lancée en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio – se sont entendus sur un ensemble de mesures pour garantir la préservation des écosystèmes et pour impliquer davantage les entreprises dans la démarche. Signalons que le Secrétariat de la Convention et de son Protocole de Cartagena est situé à Montréal.
Dix mois après l’immense déception du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, l’issue positive de cette conférence devrait, au-delà des dispositions parfois très techniques qu’elle comporte, redonner des couleurs au processus de négociation onusien sur l’environnement.
« Si Kyoto est entrée dans l’histoire comme la ville où l’accord sur le climat est né [en 1997], Nagoya y restera comme la ville où l’accord sur la biodiversité est né », a estimé Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (CBD).
Cette réunion a atteint ses trois buts reliés : 1) l’adoption d’un nouveau Plan stratégique de dix ans pour guider les efforts internationaux et nationaux pour sauver la biodiversité par l’action accrue, afin de rencontrer les objectifs de la Convention sur la diversité biologique; 2) une stratégie de mobilisation des ressources fournissant une voie pour l’avenir afin d’augmenter de façon substantielle les niveaux actuels d’aide publique au développement en soutien à la biodiversité; 3) un nouveau protocole international sur l’accès et le partage des avantages issus de l’utilisation des ressources génétiques de la planète.
Le plan stratégique 2020 ou « l’Objectif d’Aichi », fixe en particulier comme objectif une augmentation des aires protégées de la planète: 17 % de la surface totale des terres (contre 13 % aujourd’hui) et 10 % pour la surface totale des océans (contre un peu moins de 1 % aujourd’hui). Mais ce plan, qui n’a pas de caractère légalement contraignant, peut-il avoir un réel impact sur la protection des espèces à travers le monde ?
Les Parties se sont aussi mises d’accord pour une augmentation substantielle du niveau de ressources financières en soutien à la mise en œuvre de la Convention. « L’Objectif d’Aichi » constituera le cadre général sur la biodiversité non seulement pour les conventions relatives à la biodiversité, mais pour le système des Nations Unies en entier. Les Parties ont accepté de convertir ce cadre international général en stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité d’ici deux ans. Mais qu’en est-il des mesures réglementaires qui permettraient de diminuer la pression sur certaines ressources, sachant par exemple que « de 70 à 80 % des espèces de poissons que nous mangeons » sont pêchées au-delà de leur capacité de reproduction, rappelait l’acteur américain Harrison Ford dans un entretien à l’AFP au début de cette rencontre.
Enfin, les participants se sont mis d’accord sur un protocole, âprement négocié depuis huit ans, organisant le partage des bénéfices tirés par les industries de la pharmacie et des cosmétiques, notamment des ressources génétiques des pays du Sud (animaux, plantes, micro-organismes). Le Brésil, qui abrite la plus grande partie de l’immense bassin amazonien, où vit 10 % de la totalité des espèces connues de la planète, avait insisté sur la nécessité d’un tel accord pour « mettre un terme à la bio-piraterie ».
« Le protocole de Nagoya est une réussite historique », a estimé Jim Leape, directeur général de WWF International. Greenpeace, de son côté, a salué « le début de la fin de la bio-piraterie » mais regretté que les gouvernements n’aient pas été « plus courageux » sur les objectifs.
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