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Le samedi 23 avril 2022

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L’Europe dans le jeu du « toujours plus d’austérité »

L’auteur invité est Pascal Riché, journaliste à Rue 89.

L’Europe est-elle devenue folle ? Les pays, l’un après l’autre, engagés dans une frénétique danse du ventre devant les marchés, rivalisent d’audace dans l’austérité et les mesures pesant sur leurs populations. Après le plan grec, après le plan allemand, après l’annonce du plan Fillon (doublée d’une réforme des retraites visant à augmenter la durée de travail des Français), c’est au tour des Britanniques de monter sur scène avec leurs sept voiles.

Aux Etats-Unis, au moins, le débat porte sur la question de savoir s’il faut accroître ou non l’ampleur du plan de relance. On entend des voix, comme le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, proposant d’injecter de nouveau 800 milliards de dollars pour relancer vraiment la machine économique en panne, meilleure façon selon lui de réduire efficacement les déficits.

Une violence inégalée

Le plan avancé par le gouvernement anglais est ainsi d’une violence inégalée. L’objectif est de ramener le déficit public de 11% (contre 8,5% en France) à 1,1% du PIB d’ici 2015.
• Une hausse des impôts de 34 milliards d’euros est prévue.
• Une baisse des dépenses de 91 milliards d’euros.
• Quasiment tous les services de l’Etat (à l’exception de la santé et de l’éducation) verront leurs dépenses amputées.

Les gogos soulignent le caractère « juste » de ce plan, sous prétexte que les hausses d’impôts ciblent les plus hauts revenus et parce que certaines prestations gratuites sont désormais soumises à des conditions de ressource.

La vérité, c’est que ce plan pèsera sur les plus pauvres. D’une part parce que l’aide sociale est amputée de 20 milliards d’euros. D’autre part, parce que cette politique aura un impact récessif. Or, quand la croissance est brimée, c’est le bas de l’échelle qui souffre.

Le pari du gouvernement britannique, sur le papier, est de séduire les marchés. Qui en retour, accorderont à l’économie britannique des conditions d’emprunt plus avantageuses.

Stratégies non-coopératives

Chaque pays est désormais en concurrence avec les autres pour plaire aux marchés, qui les ont pourtant mis à genoux il y a deux ans. L’Europe, qui devait être un havre de coopération, est engagée dans une guerre interne larvée. Le jeu consiste à comprimer la demande, à la fois pour gagner des points de compétitivité à l’exportation (la stratégie préférée de l’Allemagne) et des points de taux d’intérêts pour financer la dette publique. L’investissement, la demande intérieure, le sort des populations étant les simples résultantes de ce jeu délétère.

On a donc, d’un côté de l’Atlantique, des Etats-Unis qui sont prêts à laisser filer leur monnaie pour se refaire, exportant leurs problèmes vers l’Europe (via le jeu de bascule dollar/euro).

De l’autre côté, des pays qui, tout en se jurant amitié, s’enfoncent d’eux-mêmes dans la crise parce qu’ils sont englués dans des stratégies non-coopératives. « Rassurer les marchés » est toujours la priorité des politiques publiques, malgré tous les beaux discours qui ont accompagné la crise de 2008. Jusqu’où ?

Ce texte est tiré du site Rue 89

Discussion

Commentaire pour “L’Europe dans le jeu du « toujours plus d’austérité »”

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    Écrit par Twitted by Paradigmes21 | novembre 9, 2010, 8 h 49 min

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