Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) représentent une force économique en émergence. Autant pour leur poids démographique (près de 50 % de la population mondiale), pour leur dynamisme et leur volontarisme économique (à près de 20 % du PIB mondial) que pour leur dotation en ressources, ce groupe de pays peut dorénavant jouer un rôle important dans la mise en place d’une nouvelle gouvernance de l’économie mondiale. Mais peut-il servir de contrepoids à une finance internationale dont les intérêts, au cours des deux dernières décennies, ont été à l’opposé de ceux des populations du globe ?
À la mi-juin, les dirigeants de ces pays émergents, qui connaissent les croissances économiques les plus élevés du monde, ont tenu leur premier sommet dans la ville industrielle sibérienne de Yekaterinberg. Alors que le BRIC n’était jusqu’à maintenant qu’un symbole virtuel de la nouvelle économie émergente, il a pris avec cette rencontre une réalité plus formelle, quoiqu’il faut rester circonspect quant à la capacité réelle pour ces pays de se donner une stratégie commune face aux enjeux de l’heure. Il constitue néanmoins un nouvel espace de délibération où pourront se négocier les compromis qui sortiront du G20.
Parmi les enjeux qu’on peut d’ores et déjà supposer qu’ils feront partie des discussions pour des prises de positions communes, citons par exemple la proposition d’une nouvelle devise internationale (qui dans les faits devrait se traduire par une réduction du rôle trop prépondérant du dollar US et par l’utilisation croissante des grandes devises nationales dans les échanges), la réforme de la régulation financière internationale (un contrôle plus serré des États et un poids plus important du BRIC au FMI) et la lutte contre les changements climatiques (un effort plus important attendu des économies développées). Sur ces enjeux, ces pays partagent des préoccupations et des intérêts communs face aux anciennes grandes puissances.
Par contre, les évolutions fortement différenciées de ces pays face à la crise économique constituent autant d’obstacles à des prises de positions communes. Alors que la Chine et l’Inde devraient connaître des taux de croissance du PIB au-delà de 5 % cette année et que l’économie du Brésil se maintiendra tout juste à un taux de croissance positif, la Russie va voir son PIB chuter de 5 %. Contrairement à ce que certains économistes supposaient l’an passé, les pays du BRIC ne pourront pas, loin de là, compenser la chute des économies développées pour assurer une stabilité de l’économie mondiale. Comme le prévoit la Banque mondiale, l’économie mondiale fera plutôt face à une chute de 3 % de l’activité économique en 2009.
Parmi les facteurs qui opposent les pays du BRIC, le fait que la Chine et l’Inde soient des importateurs de matières premières alors que la Russie et, dans une moindre mesure, le Brésil représentent au contraire de grands pays exportateurs, fera en sorte que ce regroupement aura de la difficulté à agir ensemble dans les négociations de l’OMC (dont la Russie n’est pas encore membre).
Reste que les pays du BRIC vont certainement jouer un rôle significatif pour lézarder les murs de la forteresse financière mondiale et pour remettre en cause l’hégémonie occidentale, en particulier étatsunienne, dans la gestion des affaires du monde. Mais ils ne peuvent apporter à eux seuls, ne serait-ce qu’en raison de la faiblesse démocratique de pays comme la Chine et la Russie, les éléments de solution pour une nouvelle gouvernance qui permettrait de mettre la finance au service des personnes et du développement.
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