On connaît le refrain habituel, le mantra de tous ceux qui s’acharnent depuis des décennies à diminuer la fiscalité des entreprises et des riches, selon lequel la fiscalité nuit à la croissance. Année après année, c’est constamment à refaire pour des raisons toujours plus absconnes. Pourtant, selon une étude récente réalisée par un groupe de chercheurs autrichiens, et présentée à la Commission européenne à Bruxelles, il est impossible d’établir un lien direct absolument certain entre le taux d’imposition et la croissance économique !
Réalisée par des chercheurs de l’UEAPME (European Association of Craft, Small and Medium-sized Enterprises), l’étude s’appuie sur les données des pays de l’OCDE pour les années 1970-2008. Contrairement aux études plus traditionnelles, qui arrivent généralement à identifier un lien négatif entre le taux d’imposition et la croissance, les chercheurs ont utilisé les données de l’OCDE en tenant compte de nouveaux critères permettant d’ajouter une différenciation des taux d’imposition des pays. Par exemple, lorsque l’on tient compte du type de système de retraite des pays (répartition ou capitalisation), le taux d’imposition réel des pays change significativement. En utilisant ces nouvelles données, les résultats des analyses économétriques deviennent non significatifs. Autrement dit, le taux d’imposition ne serait pas un facteur significatif pour expliquer les écarts de croissance des pays de l’OCDE !
Cette étude remet en question un point central du discours libéral, qui domine la Commission européenne, prônant une Stratégie Europe 2020 pro-croissance, fondée sur la nécessité de réformer les fiscalités nationales (à la baisse évidemment). Brigitte Unger, une des membres de l’équipe de recherche de l’UEAPME, loin de cautionner cette approche, souligne que son étude suggèrerait plutôt que dans certaines conditions un taux d’imposition plus élevé coïnciderait avec un impact positif sur la performance économique. Selon le directeur de l’UEAPME, ce ne serait pas tant le niveau d’imposition qui importerait, que la façon dont les revenus fiscaux sont utilisés !
D’ailleurs, avec la crise financière et économique que nous venons de traverser, où l’on a vu les pays les plus agressifs sur le plan du retour à une fiscalité dégressive être les plus touchés, il faudrait reprendre ces études sur le plus long terme. Dans ce contexte, il ne serait pas surprenant de constater un lien positif entre les faibles taux d’imposition et les faibles taux de croissance.
Pour lire l’étude complète, on clique ici.
Discussion
Pas de commentaire pour “Une fiscalité élevée ne nuit pas à la croissance”