Malgré la crise à laquelle nous a inexorablement mené la folie spéculative, cette dernière continue à progresser à un rythme insoutenable. Selon la huitième enquête triennale des banques centrales et autorités monétaires, réalisée par la Banque des règlements internationaux (BIS), le marché global des changes aurait été 20 % plus élevé en avril 2010 que trois ans auparavant.

L’activité quotidienne de ce marché s’élèverait maintenant à 4 000 milliards $ comparativement à 3 300 milliards $ en 2007, avant la crise. Cette croissance provient principalement de l’explosion des transactions spots (au comptant), qui ont crû de 48 %. Puisque les marchés des actions et des obligations offrent des rendements de plus en plus faibles, les gestionnaires d’actifs spéculent sur les marchés spots pour faire plus d’argent. Selon la BIS, la croissance du marché des changes serait associée à une hausse importante des activités de la catégorie des « autres institutions financières », qui inclue banques d’affaires non réglementées, fonds de couverture, fonds de pension, fonds mutuels, société d’assurance et banques centrales ! Avec 42 % de croissance, leurs activités représentent maintenant quasiment la moitié du marché global (1 900 milliards $).

La part du dollar US continue à chuter alors que celles de l’euro et du yen connaissent des gains. La BIS signale que le dollar CAN augmente significativement sa part du marché. La part des activités réalisées par les institutions financières situées sur le territoire des États-Unis décline également, au profit de celles faisant affaire en Grande-Bretagne. Bien qu’assez éclatées, les places de change asiatiques (Japon, Singapour, Hong Kong et Australie) augmentent aussi globalement leur part de marché. Selon le rapport publié par la Banque du Canada, la part des activités réalisées au Canada aurait baissé pour la première fois depuis le début de ces enquêtes triennale, en 1983.