Malgré le fait que nous cheminons allègrement vers des hausses de températures de 3-4oC dans les décennies à venir, les États sont incapables de négocier sérieusement un accord pour succéder au Protocole de Kyoto. Après la conférence de Copenhague, qui s’était terminée dans la déception généralisée, étant donné les fortes attentes, les diverses parties prenantes aux enjeux climatiques ont semble-t-il décidé d’adopter une stratégie du petit pas, acceptant chaque avancée comme une victoire sur les négationnistes.
Dans cette optique, la convention de l’ONU sur le climat de Cancun (Mexique) s’achève donc sur une note d’espoir. Comme celle de Copenhague, la convention s’est poursuivie au-delà de la date limite. Prévue pour durer 12 jours, c’est au 13e jour qu’un texte a été voté sur proposition de la présidence mexicaine. Mais à la différence de Copenhague, la convention de Cancun aura été voté par la quasi unanimité des représentants des 194 nations présentes, à l’exception de la Bolivie.
A défaut d’un accord contraignant, les négociations semblent remises sur les rails selon plusieurs participants. En d’autres termes, on remet la conclusion d’un prochain accord sur un protocole qui succédera à celui de Kyoto au prochain sommet, dans un an à Durban, en Afrique du Sud. A défaut de grandes décisions engageant toute la planète, quelques mesures ont été décidées pour enrayer le changement climatique. En particulier, des précisions ont été apportées au financement de la lutte au réchauffement dans les pays en développement, par le biais d’un Green Climate Fund, alimenté en partie par des mécanismes de marché. Mais s’il n’y a pas un interventionnisme étatique fort pour réguler ces mécanismes, on peut s’interroger sur l’efficacité de cette mesure. Le contexte politique n’est pas particulièrement favorable à un scénario interventionniste fort. À Cancun, plusieurs groupes et pays se sont opposés à l’idée que ce fonds soit géré par la Banque mondiale. Selon ces derniers, le Protocole de Montréal (sur les mesures pour combattre la disparition de la couche d’ozone) aurait déjà démontré que la Banque mondiale n’est pas l’institution qu’il faut pour ce type de mesure.
L’autre mesure dont on a beaucoup parlé est celle sur la forêt. Certains spécialistes progressistes en ont une opinion très favorable. Par exemple, John Podesta, PDG du Center for American Progress (CAP) et vice-président de la Commission on Climate and Tropical Forest, en dit ce qui suis :
« Early this morning in Cancun, Mexico the world’s nations finally agreed to move forward on a substantive agreement on reducing carbon emissions from deforestation as part of a balanced package of other decision in the “Cancun Agreements.” This is a big win for all of us who have been arguing that this is the most efficient way to move forward with fighting climate change in the near term and absolutely essential as a means to protect biodiversity and advance global conservation goals.
Global emissions from deforestation are equal to total emission from the transportation sector. Those who may dismiss the decision on forestry in the Cancun Agreements as a small step forward do not have a proper appreciation that global warming simply cannot be solved without attention to the problem of deforestation. »
Dans une étude produite conjointement par le CAP et la Fondation des Nations Unies, en 2009, on soulignait que même dans un scénario où il n’existerait pas d’accord sur un mécanisme global de crédit de GES, un ensemble de mesures d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables, de conservation des forêts et d’agriculture soutenable permettraient d’atteindre au-delà des trois quarts des réductions de GES d’ici 2020. C’est en ce sens que les spécialistes sortent de Cancun avec plus d’espoir sur la suite des choses.
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