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Le samedi 23 avril 2022

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La Chine investi dans son futur

Alors qu’elle est devenue depuis au moins une décennie « l’atelier du monde », la Chine est en train de préparer le moment où elle deviendra la prochaine grande puissance économique mondiale.

Dans les pays développés occidentaux, ce sont, en dernière analyse, les acteurs financiers qui, depuis les deux dernières décennies, font les choix fondamentaux sur notre futur, dans la mesure où le pouvoir politique accepte sans condition les règles du jeu de la « dictature » des marchés financiers. Ce sont eux qui imposent les politiques budgétaires des États, eux qui déterminent les choix des entreprises, eux qui influencent les cycles économiques.

En Chine, c’est l’autre extrême : les acteurs politiques, sans aucune forme de participation des populations concernées, dictent les conditions à l’intérieur desquelles le capital peut librement fructifier. Et il le fait avec d’autant plus de fermeté que la capacité d’agir du gouvernement chinois est phénoménale. Grâce à la maîtrise publique sur un ensemble de centres de décisions stratégiques (institutions bancaires, fonds d’investissement, matières premières, grands groupes industriels), il a le loisir de faire aujourd’hui les choix qui façonneront l’économie de demain.

On annonçait récemment, dans les grands quotidiens, que le ministère chinois du Transport aurait terminé de dresser les grandes lignes du projet de modernisation du système ferroviaire. Pékin aurait l’intention d’injecter jusqu’à 600 milliards $ dans l’expansion du réseau ferroviaire d’ici 2015 ! Ce projet viserait l’installation de 120 000 kilomètres de voies ferrées d’ici cinq ans, dont 16 000 kilomètres pour le réseau à grande vitesse. Ce projet permettrait de tripler la taille du réseau ferroviaire à grande vitesse en Chine, qui serait déjà le plus long du monde.

Bombardier – comme Alsthom, Siemens, Kawasaki, etc. – devrait être impliqué dans ce développement puisqu’il a signé un protocole d’entente avec le ministère des Chemins de fer de Chine pour renforcer leur partenariat. Ils se sont engagés à développer conjointement divers produits et systèmes, dont le matériel roulant et les solutions de signalisation pour les grandes lignes et les lignes régionales. Incidemment, il devrait y avoir des retombées pour le Québec. Jusqu’à nouvel ordre, la Chine n’exige pas le déplacement des sièges sociaux des entreprises ! Le Québec profitera donc de ces contrats. Mais si nous avions un gouvernement plus interventionniste, avec une vision nationale de développement, nous profiterions de cette future capacité de Bombardier pour entreprendre ici-même un vaste programme pour moderniser notre système ferroviaire.

Mais selon les spécialistes de la Chine, ce programme de modernisation du système ferroviaire ferait partie d’un plus vaste programme qui viserait à investir 1 500 milliards $, au cours du 12e Plan quinquennal de l’économie chinoise, dans le développement des secteurs stratégiques émergents. Ces secteurs stratégiques émergents couvrent ceux de l’économie en énergie, des nouvelles technologies informatiques, de la biologie, de la fabrication des équipements haut de gamme, des nouvelles énergies, des nouveaux matériaux et des automobiles fonctionnant aux nouvelles énergies.

Selon les déclarations du membre de l’équipe de rédaction du Plan quinquennal, le développement des secteurs émergents ne reposera pas sur le simple soutien financier du gouvernement, mais sur toute une série de politiques.

« Le calcul de la participation du gouvernement dans le projet des secteurs émergents observera le même principe que pour le plan de relance de 4 000 milliards de yuans pour l’économie chinoise lors de la crise financière globale », aurait expliqué ce membre de l’équipe du Plan. Selon lui, la participation gouvernementale se serait élevée à 1 180 milliards, soit moins de 30 % du plan de relance. Le gros de la somme a surtout été consenti par les gouvernements locaux, les entreprises publiques et privées, dont les crédits des établissements financiers sous contrôle gouvernemental. Ainsi, selon ce fonctionnaire, le calcul pour le plan des secteurs émergents portera sur « la participation du gouvernement central, mais surtout sur la taille de l’apport des fonds sociaux ».

Et si, nous aussi, nous osions mobiliser une partie des centaines de milliards $ accumulés en épargne-retraite grâce à de généreux avantages fiscaux, pour façonner notre futur ?

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