Malgré une économie domestique qui semble en bonne santé, le Canada sera affecté à son tour par les politiques de rigueur des autres pays industrialisés. La Banque du Canada a annoncé il y a quelques jours qu’elle maintenait encore, pour un temps indéterminé, le taux cible du financement à un jour à 1 % et le taux d’escompte à 1 ¼ %. Malgré le discours pompeux du business as usual, la Banque du Canada souligne qu’il « existe un risque accru que les préoccupations entourant la dette souveraine dans plusieurs pays provoquent des tensions renouvelées sur les marchés financiers internationaux ». Autrement dit, on sait à quoi vont nous mener les politiques de nos partenaires.
Lorsqu’on regarde l’évolution du PIB depuis deux ans, (voir tableau ci-contre) ça ressemble beaucoup plus à une rechute qu’à une reprise ! La faiblesse accrue du commerce extérieur durant l’été a surpris la Banque du Canada qui misait encore le mois dernier sur une meilleure performance d’ensemble de notre économie. L’amélioration du taux de chômage, qui est descendu à 7,6 % le mois dernier, serait trompeur puisqu’il reflète avant tout un recul du taux d’activité, c’est-à-dire de la portion des 15 ans et plus qui détient ou cherche activement un emploi. « Si tous les travailleurs découragés depuis la récession se remettent soudainement à chercher du travail, alors le taux de chômage potentiel est plutôt de 9,6% », calcule Mark Hopkins, économiste principal chez Moody’s Analytics.
Ce n’est guère mieux aux États-Unis. La statistique officielle de chômage est déjà à 9,8 % (avec un taux de chômage partiel autour de 15 %). La machine économique étatsunienne ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois (il en faut au moins 150 000 par mois) pour baisser ce taux de manière affirmée. Et cela pour diverses raisons : d’un côté les ménages sont obligés de diminuer leur endettement réel, de l’autre la surconsommation de la portion privilégiée des ménages entraîne une sortie du circuit économique (par le déficit extérieur), les entreprises ne cherchent qu’à améliorer leur rentabilité financière (au dépend de l’emploi), etc.
La poursuite, pour deux années supplémentaires, de la baisse d’impôt de tous les contribuables – y compris les plus riches – ne peux pas améliorer la situation puisque le pays aurait surtout besoin d’une relance par des dépenses publiques (par exemple dans les services collectifs) plutôt qu’une relance par un mauvais endettement public. Pendant ce temps, la base manufacturière des États-Unis continue de se détériorer (diminution de 13 000 emplois en novembre).
Discussion
Pas de commentaire pour “Conjoncture : le Canada sera affecté par les politiques de rigueur de nos partenaires”