La France est en train de subir elle aussi, en accéléré, le cours 101 sur les gaz de schiste. Le gouvernement Sarkozy, aussi étroitement lié aux milieux d’affaires que l’est le gouvernement Charest, aurait octroyé en mai dernier des permis d’exploration pour les départements l’Hérault, de l’Aveyron, de la Lozère, de l’Ardèche et de la Drôme. En catimini, le ministère de l’Ecologie et de l’Energie a attribué un permis d’une durée de 5 ans au groupe Total dans une région qui s’étend de Valence jusqu’au nord de Montpellier, où le groupe espère prouver la présence de gaz de schiste.
Ce permis s’étend sur une surface de 4 327 km². Il a initialement été attribué à Total et à la société américaine Devon, mais Total a annoncé dans un communiqué le rachat de la filiale française de Devon qui lui permettra de détenir l’ensemble des droits sur ce permis.
L’organisation de défense de l’environnement les Amis de la terre a rapidement commencé à organiser des réunions publiques d’information pour dénoncer les risques liés à l’exploitation du gaz de schiste et exiger un moratoire.
Alertée par les contaminations constatées à proximité de sites d’extraction aux États-Unis, l’organisation des Amis de la terre exige une étude exhaustive sur les risques sanitaires et environnementaux liés à l’exploitation de cette ressource. Nous le savons maintenant au Québec, la technique dite de « fracturation hydraulique » utilise pour extraire la ressource une importante consommation d’eau et de produits chimiques. Près de 10 millions de litres seraient en effet nécessaires pour une seule opération !
« Les gaz de schiste se situent au même niveau que les sables bitumineux : toujours plus loin, toujours plus profond, toujours plus sale », s’est insurgé Aloys Ligault, chargé de campagne responsabilité sociale et environnementale des entreprises de l’organisation.
En décembre, deux environnementalistes et députés européens, José Bové et Corinne Lepage – ancienne ministre socialiste de l’environnement -, sont montés au créneau pour réclamer un moratoire sur la prospection de gaz de schiste en France, mais aussi en Europe. Selon Corinne Lepage, qui cite Cambridge Energy Research Associates, les réserves de gaz de schiste en Europe pourraient représenter entre 3 000 et 12 000 milliards de mètres cubes et ainsi doubler les ressources classiques disponibles. En 2030, ces réserves pourraient produire près de 50 milliards de mètres cubes, soit environ le tiers de la production européenne actuelle.
Ce n’est rien pour nous rassurer : selon des spécialistes, les gaz non conventionnels pourraient représenter près de 60 % des ressources d’ici à 2030, la Chine et l’Inde étant de possibles réserves. « Le potentiel de développement est considérable après 2020, mais il reste des incertitudes majeures sur les quantités récupérables », note un expert. Problème, la durée de vie des réserves d’énergie fossile pourrait être rallongée d’au moins cent ans.
Pour l’instant, Total est absente du dossier des gaz de schiste au Québec, mais depuis un an elle a entrepris une campagne de communication qui laisse penser qu’elle vise à mettre la main sur de plus petits exploitants détenteurs de permis au Québec. On sait que la famille Desmarais est un des grands décideurs au sein de Total et que cette entreprise fait partie des entreprises voyous qui, au mépris du droit international, fait affaire avec la Birmanie.
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