L’auteur invité est Guillaume Duval, rédacteur en chef, Alternatives Economiques
Dans sa chronique sur Radio Nova, Guillaume Duval suggère de bonnes résolutions à nos gouvernants : mettre en oeuvre une véritable politique européenne de sortie de crise, réussir le sommet climatique de Durban et taxer les plus riches.
La nouvelle année c’est le temps des bonnes résolutions et vous en avez quelques unes à suggérer à ceux qui nous dirigent…
En effet, il faut bien rêver un peu de temps en temps… Il faudrait tout d’abord que les dirigeants européens arrêtent de se tirer des balles dans le pied en refusant la solidarité qui doit nécessairement accompagner la décision prise il y a plus de dix ans déjà de se doter d’une monnaie commune… Nous traversons la plus grave crise depuis 1929. Elle a été déclenchée par les dérives incroyables de la finance américaine qui prêtait des sommes colossales à des gens qui n’avaient aucun revenu. Cela dans un pays où l’épargne était tombée à zéro et dont les habitants consomment beaucoup plus qu’ils ne produisent. L’Europe n’a, dans son ensemble, connu aucun de ces dysfonctionnements : son épargne est abondante, l’endettement des ménages y est deux fois plus faible qu’aux États-Unis et ses comptes extérieurs sont quasiment équilibrés. Et pourtant, du seul fait de ses bisbilles internes, elle est beaucoup plus gravement touchée que les États-Unis. Madame Merkel, monsieur Sarkozy, monsieur Barroso et tous leurs collèges : il est plus que temps d’arrêter ces enfantillages…
Mais il n’y a pas que l’Europe qui soit mal partie au seuil de cette nouvelle année, c’est le cas aussi de la lutte contre le changement climatique…
Oui. A Cancun à la fin de l’année dernière on a évité un nouveau fiasco comme à Copenhague en 2009, mais rien n’est réglé et le temps presse. Fin 2012 le protocole de Kyoto expire et si un accord un tant soit peu ambitieux n’est pas trouvé en décembre prochain à Durban en Afrique du Sud, il n’y aura plus de lutte internationale contre le changement climatique. Monsieur Hu Jintao, monsieur Manoman Singh, monsieur Barack Obama, il faut vraiment que vous vous portiez enfin cette année à la hauteur du défi qui menace l’humanité. Compte tenu de notre responsabilité historique dans les dérèglements du climat et de notre richesse actuelle, nous savons que les Européens devront mettre profondément la main à la poche pour aider les pays du Sud, mais nous y sommes prêts.
Vous avez aussi quelques bonnes résolutions à proposer à Nicolas Sarkozy et François Fillon concernant la France…
En effet. Grâce à ses systèmes sociaux, l’Hexagone a été plutôt moins touché que d’autres par la crise. Cependant, avec plus de 4 millions de chômeurs, une grave crise du logement, un système éducatif en mauvais état, beaucoup de retard dans une conversion écologique à réaliser à marche forcée, le pays a encore besoin d’une action publique puissante pour sortir de la crise. Nous avons certes accumulé de gros déficits publics mais ils sont dus surtout aux baisses d’impôts consenties par les gouvernements successifs depuis dix ans. Dans un pays qui est un des champions du monde de l’épargne et, selon le Crédit suisse, le troisième au monde derrière les États-Unis et le Japon pour le nombre de millionnaires, il vaudrait mieux augmenter les impôts des plus riches que diminuer drastiquement les dépenses publiques. D’où une « bonne résolution » suggérée à Nicolas Sarkozy et François Fillon : mettre un mouchoir sur les a priori idéologiques pour agir uniquement en fonction des intérêts du pays…
Ce texte est tiré du site Internet d’Alternatives Economiques
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