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Le samedi 23 avril 2022

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Fiscalité : quels sont les enjeux à venir (I)

En décembre dernier, le Congrès des États-Unis a finalement voté la reconduction pour deux années supplémentaires des baisses d’impôt accordées par l’administration Bush, baisses qui favorisent outrageusement les plus riches de la société. Alors que l’administration Obama refusait, dans le contexte d’une laborieuse reprise économique et de déficits records, d’accorder ces baisses d’impôts aux familles les plus riches, les Républicains exigeaient une reconduction intégrale. Avant de perdre en janvier le contrôle de la Chambre des représentants, Obama a accepté cette reconduction intégrale en échange d’un vote positif des Républicains sur d’autres projets de loi (dont celui de la reconduction des mesures d’aide aux chômeurs).

Mais une étude récente du Tax Policy Center montre que le compromis sur les baisses de taxes conduira à une hausse de taxe pour les familles à faible revenu. Alors qu’un millionnaire profitera d’une baisse d’impôt de 139 000 $, l’étude indique que les 25 millions d’étatsuniens les moins favorisés verront une augmentation de leur impôt sur le revenu. Mais c’est sans compter ceux qui sont trop pauvres pour payer de l’impôt et qui seront assurément les plus touchés par l’obligation dans laquelle sera le gouvernement de baisser les dépenses pour compenser le manque de revenus fiscaux. Les Républicains exigent des coupures de 100 milliards $ par année. On y reviendra dans les semaines à venir.

Maintenant que les Républicains sont devenus majoritaires à la Chambre des représentants, il m’apparaît intéressant de revenir sur quelques vieilles idées de la droite étatsunienne sur la question fiscale. Dans cette optique, je vais commencer cette chronique en signalant une idée fixe républicaine, qu’on pourrait classer comme faisant partie des « idées Zombies » de la droite, voulant que les États-Unis devaient, à l’image du Tigre celtique (l’Irlande), baisser la fiscalité des entreprises pour encourager les investissements et créer des emplois. L’argument Zombie du Tigre celtique aurait été largement utilisé par la droite depuis une dizaine d’années et en particulier par le candidat McCain pendant les élections présidentielles de 2008. Reprenons quelques citations :

– Dan Mitchell (alors à l’Heritage Foundation, maintenant au The Cato Institute), juillet 2002 : « Ireland already has shown that tax cuts are a recipe for prosperity. Thanks to Reagan-style tax-rate reductions, including a corporate income tax rate of just 10 percent, Ireland has become the “Celtic Tiger” and is now the European Union’s second richest country. »

– Jurgen Reinhoudt, American Enterprise Institute, octobre 2007 : « The real credit belongs to Irish fiscal policy. Beginning in the late 1980s, successive Irish governments pursued vital spending cuts and tax relief…At present, Ireland has a 12.5 percent corporate tax rate, which has made it a magnet for powerhouse firms. »

Or, maintenant que l’Irlande fait face à une crise majeure, dont les causes sont à chercher du côté de sa réglementation trop libérale et de sa faible capacité budgétaire, la droite républicaine dénonce maintenant le poids trop important de l’État !!!

– Dan Mitchell, Cato Institute, novembre 2010 : « There are lots of lessons to learn from Ireland’s fiscal/economic/financial crisis. There was too much government spending. Ireland also had a major housing bubble. And some people say that adopting the euro (the common currency of many European nations) helped create the current mess. »

La vérité c’est que le tigre celtique était un tigre de papier. Au sein de l’Union européenne, il était devenu le paradis fiscal des entreprises qui pouvaient, sur papier, transférer une partie importante de leurs activités pour payer moins d’impôts. Le grand gagnant du modèle irlandais était le secteur financier : les plus importantes banques du pays géraient des actifs équivalents à deux fois le PIB de l’Irlande. Mais puisqu’il est aussi le moins réglementé, lorsque la crise a éclaté les entreprises ont pu, plus facilement qu’ailleurs, prestement quitter le navire pour aller vers des horizons plus paradisiaques. Or c’est justement le sauvetage de ces banques-voyous qui est responsable de l’incroyable déficit de 30 % du PIB…

Aujourd’hui, le plan d’austérité du gouvernement ne prévoit pas hausser les taxes des entreprises mais il augmentera l’impôt sur le revenu des particulier de près de 2 milliards d’euro et diminuera le salaire minimum en vigueur en Irlande ! Les taxes des entreprises ne seront pas augmenter par crainte des effets négatifs de cette mesure sur la croissance.

Pourtant, selon les estimations de l’économiste irlandais Proinnsias Breathnach, une comparaison réalisée pour tous les pays membres de l’OCDE, il n’y aurait aucune corrélation significative montrant un lien entre le niveau de taxation des entreprises et la croissance économique. Sous un angle plus large, son étude montrerait plutôt une relation positive entre le niveau d’imposition moyen, le revenu par capita et la faiblesse du taux de chômage de ces pays ! En fait les 10 pays qui affichent les taux d’imposition moyen les plus élevés sont les 10 pays les plus riches du monde (excluant les pays pétroliers).

Discussion

2 commentaires pour “Fiscalité : quels sont les enjeux à venir (I)”

  1. [...] le billet précédent, je citais une étude réalisée par un économiste irlandais qui concluait que, pour tous les pays [...]

    Écrit par Oikos Blogue | Pour une fiscalité plus équitable (2) | janvier 25, 2011, 6 h 21 min
  2. Sujet intéressant que les taxes sur les pauvres, les riches, vaste débat .. Mais bon …
    Merci pour cet article !

    Écrit par Lexiateam | janvier 26, 2011, 2 h 58 min

Commentaire

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