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Un baril de pétrole à 100 $

Avec une reprise soutenue des économies émergentes, les prix des carburants sont retournés définitivement à une tendance haussière. Au cours de la dernière année ils ont connu une hausse de près de 20 %, le cours du brut ayant frôlé le prix de 95 $ sur le marché spot à Londres. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation mondiale d’or noir a progressé de 2,9% cette année pour atteindre un niveau record à 87,4 millions de barils par jour. Pour 2011, l’AIE prévoit une demande d’or noir en hausse de 1,5%.

Étant donné les déboires de l’euro, liés à la crise des dettes souveraines, les prix de l’essence à la pompe en Europe ont déjà atteint – à quelques centimes près – leurs records historiques de juin 2008 : 1,5 euro. Au Canada, malgré le fait que le huard s’est fortement apprécié, le prix à la pompe – près de 1,25 $ en fin de semaine dernière – s’approche dangereusement des records que nous avons atteint en 2008 et qui fut, rappelons-le, un des facteurs de la récession.

Les analystes de Goldman Sachs prévoient que le cours du baril de pétrole brut atteindra 100 $ cette année et 120 $ en 2012. Les stocks mondiaux ayant baissé face à une forte demande en 2010, conjugué au refus de l’OPEP d’augmenter ses quotas et à la faiblesse du dollar étatsunien, on se retrouverait ainsi avec une tendance à la hausse pour le prix du pétrole, note Goldman Sachs. Par contre, selon les analystes de Desjardins, la demande pourrait d’ailleurs être moins forte en 2011 : la croissance de la demande de pétrole était de 2,8 % en 2010, tandis que celle prévue en 2011 est de 1,6 %, notamment à cause d’une baisse anticipée de la demande en Chine – et en Europe.

Mais quoiqu’il en soit des prévisions de court terme, selon une étude réalisée par les services de recherche de l’armée allemande, le « pic du pétrole » qui devrait survenir dans avenir plus ou moins rapproché entraînera des changements économiques globaux dont il faut se préparer dès maintenant. Selon cette étude, le pic serait atteint autour des années 2010, mais les impacts ne se feraient sentir que quelques années plus tard en termes de hausse des prix et de sécurité des approvisionnements. Au Royaume-Uni, le gouvernement refuse de reconnaître qu’un récent rapport tirerait lui-aussi sur la sonnette d’alarme du pic pétrolier.

Parmi les principales conclusions soulignées par les analystes de l’armée allemande, on mentionne : le pouvoir démesuré que les pays producteurs de pétrole auront après 2020; une tendance à court-circuiter les mécanismes du marché du fait d’une place de plus en plus importante prise par les contrats bilatéraux de long terme entre les grands pays producteurs et les pays consommateurs – donc d’une insécurité croissante pour les plus petits pays -; un « tsunami » sur l’ensemble du système de prix, ou une réaction en chaîne sur l’ensemble de la chaîne de production, dans la mesure où le pétrole est utilisé, directement ou indirectement, dans la production de 95 % des biens industriels; un retour vers certains mécanismes d’économie planifié en raison de l’échec des mécanismes de marché.

Les recommandations sont évidentes : les dirigeants actuels doivent agir dès maintenant pour diminuer les impacts du pic pétrolier sur leurs économies. C’est en s’assurant d’une plus grande indépendance énergétique, soit en s’assurant d’un approvisionnement national, soit en développant des sources énergétiques alternatives, qu’on peut effectivement amoindrir ces impacts. On peut même en sortir gagnant dans la mesure où l’on réussi à développer des sources énergétiques alternatives plus propres et, globalement, à meilleurs prix. Si nous avions un gouvernement visionnaire, le Québec pourrait devenir l’une des nations gagnantes du pic pétrolier. Malheureusement nos dirigeants politiques et économiques préfèrent profiter immédiatement de la manne des ressources énergétiques sales plutôt qu’investir dans le futur du pays.

Discussion

Commentaire pour “Un baril de pétrole à 100 $”

  1. Si les gouvernements tardent à adopter les mesures pour nous préparer au choc, il faut aussi que les citoyens leur montrent la voie et trouvent de moyens aujourd’hui de vire mieux avec moins.

    De toute façon, que ça soit pour des questions de pollution, de porte-feuille, de santé ou de qualité de vie, nous avons tout à gagner à affranchir nos communautés du pétrole et à repenser les choses à échelle humaine.

    Si les citoyens ne voient pas les bénéfices du changement à faire, les politiciens auront toujours du mal à prendre les mesures qui s’imposent en matière de sécurité énergétique et climatique.

    Écrit par Villeray en transition | janvier 28, 2011, 12 h 27 min

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