Tiré du bulletin d’ATTAC-Québec. Le 17 janvier dernier, le UK Tar Sands Network (la section britannique du réseau autochtone mondial contre les sables bitumineux), en collaboration avec le Indigenous Environmental Network (Réseau autochtone environnemental) et Les Amis de la Terre (section Europe), a mené une action de protestation devant la Commission européenne à Bruxelles. Sous le titre Stop Tar Sands Trade Talks, il s’agissait de signaler l’ouverture de la 6e séance de négociation de l’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre l’Union européenne et le Canada et de dénoncer ses impacts potentiels sur les activités dans les sables bitumineux au Canada.
ATTAC-Québec, le Conseil des Canadiens, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-CUPE) ainsi que la National Farmers Union (Syndicat canadien des agriculteurs) se sont associés à cette activité, ainsi que d’autres groupes tels Alternatives et la coordination européenne Via Campesina. Le tout s’inscrivait dans le cadre d’une semaine de mobilisation à Bruxelles et à Strasbourg, siège du Parlement européen, organisée du 17 au 21 janvier par le Réseau pour le commerce juste.
Les négociations de l’AÉCG sont susceptibles d’accorder de nouveaux pouvoirs aux grandes compagnies européennes telles Shell, BP et Total, leur permettant d’attaquer juridiquement toute tentative de réglementation, pour des raisons sociales ou environnementales, des activités liées aux sables bitumineux. Tout le contraire de ce que nécessite une lutte responsable aux changements climatiques ! Rappelons que le pétrole des sables bitumineux produit trois à cinq fois plus de gaz à effet de serre que la production conventionnelle, en plus de contaminer des masses d’eau et de nuire à la santé et aux conditions de vie des communautés autochtones à proximité. Les protestataires sont donc allés dire que l’Union européenne devrait s’assurer que l’AÉCG bonifie les politiques européennes sur le climat et non pas le développement des sables bitumineux canadiens !
Plus largement, les enjeux de l’AÉCG concernant l’environnement, l’eau, les services publics et la démocratie ont été soulevés au cours d’une série de rencontres avec des partenaires et parlementaires européens. L’un des moments forts a certainement été la rencontre, à Strasbourg, avec plus d’une vingtaine de députés et de membres du personnel politique de différents partis représentés au Parlement européen dont Joe Higgins, membre du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne – Gauche verte nordique (GUE/NGL) qui détient 35 sièges. M. Higgins est également membre du Comité du Parlement européen sur le commerce international. Mentionnons aussi l’irruption impromptue d’un fonctionnaire de l’Ambassade canadienne qui s’est invité à la rencontre pour contester les critiques faites concernant l’exploitation des sables bitumineux au Canada. Ses arguments ont facilement été contrés notamment par un député européen qui a rappelé le rôle néfaste qu’a joué le Canada pour tuer le Protocole de Kyoto à Copenhague et à Cancun !
Par ailleurs, comme le confirmait la revue Embassy destinée aux diplomates canadiens dans le monde, dans son édition du 19 janvier 2011 : une « série de questions sensibles (…), à la fois politique et technique, (…) sont à l’origine des retards [dans la négociation - NDLR]. (…) L’inclusion d’un mécanisme de règlement des différends semblable au controversé chapitre 11 de l’ALENA, demandé par le Canada [nous soulignons], est au point mort (…) » [notre traduction].
À nous d’utiliser ce temps pour demander l’arrêt des négociations de l’AÉCG, comme l’a fait au cours de cette semaine le Conseil des Canadiens, de même que le réseau Seattle to Brussels dont font partie les ATTAC d’Europe, Weed (Allemagne), War on Want (Royaume-Uni) et le Transnational Institute (Pays-Bas), entre autres.
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