Le développement agricole arrive à un carrefour important. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique globale pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde, qui a conduit à une longue période de baisse tendancielle des prix – une grande partie de l’humanité continue à souffrir de la faim. Non seulement assiste-t-on à des fluctuations toujours plus importantes des prix des aliments de base, avec une tendance générale à la hausse, mais les investissements dans le secteur agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations connaissent leur plus bas niveau historique.
Dans un contexte où on peut prévoir la fin définitive de l’ère du pétrole à bon marché, une croissance des phénomènes climatiques destructeurs dus aux changements climatiques ainsi qu’une pression démographique accrue pour les 20 ou 30 prochaines années, le temps est venu de questionner en profondeur le modèle actuel, en remettant en question certaines vaches sacrées de la pensée économique dominante, de manière à réaliser une grande transformation de nos manières de penser et de faire l’agriculture.
De façon globale, il s’agit de redonner la priorité à la sécurité alimentaire. Dans l’un de ses avis touchant les nouvelles pratiques écologiques en émergence, le site Sequovia présente le projet Nourrir la Planète qui vaut la peine d’être consulté. Depuis des siècles, nous disent les animateurs de Sequovia, les fermiers du Sahel ont utilisé la rotation de la culture des arbres pour fournir les récoltes pendant toute l’année, en créant une source régulière de la nourriture, combustible, et engrais. Mais les sécheresses sévères et l’accroissement de la population pendant les années 1970 et 1980 ont fortement dégradé la terre du Sahel, ce qui a mené la perte de beaucoup des espèces d’arbres, mais également à beaucoup des connaissances, traditions, et pratiques qui étaient utilisés pour enrichir la région.
Heureusement, beaucoup de ces traditions sont actuellement en train d’être ravivées pour sauver la terre et sécuriser les récoltes. L’une de ses traditions est reprise sous la forme de la méthode de culture de la Farmer-Managed Natual Regeneration (FMNR) – la régénération naturelle dirigée par les fermiers. Grâce à l’émondage des pousses qui viennent périodiquement des systèmes souterrains des racines, les fermiers peuvent promouvoir la croissance des forêts et profiter d’une source naturelle de combustible, nourriture, ou fourrage.
Les arbres produisent les fruits riches en nutriments, et ils aident à restaurer la terre en émettant de l’azote et protégeant la terre de l’érosion. La forêt cultivée crée aussi une source locale de bois de chauffage et paillis, ce qui réduit le temps nécessaire pour trouver du combustible. Cette pratique permet aussi de lutter contre la déforestation, puisque les arbres utilisés pour combustible sont remplacées par des nouvelles pousses.
Collaboration de plusieurs acteurs – dont Oxfam – le projet Nourrir la Planète veut établir une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la protection des écosystèmes ainsi que la productivité sur de nouvelles bases.
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