Comme au Québec, la colère gronde en France contre les velléités des pétrolières de s’installer ou bon leur semble à la recherche de gaz de schiste. Sentant la colère gronder, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet – nommé NKM par la presse française – a rapidement compris le risque politique de la question. La ministre a annoncé qu’elle lançait une enquête pour évaluer les enjeux environnementaux de cette nouvelle technologie d’extraction du gaz et qu’« aucune autorisation de travaux ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission ». « Si la seule technologie disponible est celle des Etats-Unis, il n’y aura pas de permis donné », a juré la ministre.

Les premiers forages d’exploration devaient intervenir à Villeneuve-de-Berg, en Ardèche dans le sud de la France (voir la carte) en première moitié d’année. Les annonces de la ministre les repoussent jusqu’à l’été. Même si aucun moratoire n’est décrété – dans des déclarations précédentes, NKM avait indiqué qu’il était impossible de décréter un moratoire sans violer le code minier -, dans les faits c’est bien ce que la ministre a imposé à l’industrie.

Le gouvernement français a accordé trois permis d’exploration de gaz dans le Grand Sud, notamment à Total et GDF-Suez, dans lesquels la famille Desmarais a des intérêts majeurs. Ce qui inquiète la députée européenne Michèle Rivasi, d’Europe écologie, ce sont les expertises qui vont être menées dans les mois qui viennent dans le cadre de l’enquête du ministère de l’Écologie : « Quels experts vont éclairer la mission ? S’ils sont issus de l’Institut français du pétrole, très proche de Total, c’est mal parti… »

Pour José Bové, les annonces de NKM sont « un premier pas, mais la seule solution juridique serait l’abrogation des permis d’exploration, afin d’avoir un débat calme sur la facturation hydraulique. » Alors que les chefs d’Etat européens se réunissent ce vendredi à Bruxelles pour évoquer leur avenir énergétique, José Bové interpelle le gouvernement : « La Pologne veut explorer l’option gaz de schiste, la Suède et la Belgique disent “pas question”, moi je demande quelle est la position de la France ? Il faut un message clair. »